C’est une première au Maroc. Des membres du PJD portent plainte contre Abdelilah Benkirane. L’annonce a été faite, hier lors d’un point de presse, tenu à Rabat au siège du parti libéral. Et surprise, c’est le très controversé avocat et président inamovible du PL, Mohamed Ziane qui a été choisi pour défendre les plaignants.
A l’origine de cette tension, une décision, remontant à plus de deux mois, du secrétariat général de la Lampe, pour dissoudre la section du parti à Mers Sultan à Casablanca. Une mesure qui a permis au SG de chasser plus d’une cinquantaine de militants du parti, purge effectuée sans grand remous. Et ce sont aujourd’hui, ces mêmes expulsés qui portent cette affaire devant la justice, estimant que la dissolution est illégale.
Le PJD à Casablanca est habitué à ce genre de tensions
Ce recours à la justice est un élément révélateur de la tension qui prévaut au sein du PJD casablancais. Une situation qui n’est pas nouvelle. Elle n’est que la conséquence de la volonté manifeste de Benkirane d’imposer ses fidèles à la tête des instances locales du parti.
Deux exemples attestent de cette ligne de conduite. Le premier est l’ «élection» de Abdelaziz El Omari au secrétariat régional de la Lampe à Casablanca. Le second est la mise à l’écart de Abdelgahni Marhali aux législatives anticipées du 25 novembre 2011 au profit de Mohamed Yatim, un autre proche de Benkirane. Ce dernier était indisérable à Béni Mellal, et a donc été placé en tant que mandataire de la liste du PJD sur l’arrondissement El Bernoussi.
Une décision fortement condamnée, en son temps, par la section locale et la jeunesse, mais en vain. L’éclatante victoire des islamistes à ce scrutin à totalement éclipsée la défection de plusieurs PJDistes au parti Renaissance et vertu, une scission du PJD, dirigée par Mohamed Khalidi.
Benkirane collectionne les plaintes contre lui
Sur les traces de son grand adversaire, Hamid Chabat, le chef de gouvernement compte désormais plusieurs plaintes déposées contre lui devant les tribunaux. Outre celle des diplômés sans emploi, signataires du mémorandum du 20 juillet 2011 avec Abbas El Fassi, il y a celle de Najib Bekkach, le juge de Tanger, qui accuse le PJDiste d’être l’auteur de propos préjudiciables à son encontre dans une affaire, actuellement en examen par la justice, où il est mis en cause pour corruption.
Sur ce bilan, au demeurant non-exhaustif, ne figure pas la plainte du parti de l’Istiqlal, non encore déposée. Le chef du gouvernement avait affirmé devant la Chambre des représentants, détenir une liste comportant les noms des personnes ayant illégalement acquis des biens immobiliers et ouvert des comptes bancaires à l’étranger.