Une semaine après la marche de Chabat à Rabat, du 22 septembre, Benkirane riposte. Dimanche à Fès le chef de gouvernement a critiqué la manifestation du secrétaire général du parti de la Balance marquée par une forte présence des ânes. «En agissant de la sorte, il (Chabat) a porté atteinte non pas à l’image de l’Istiqlal mais également à celle du Maroc. A cause de ses ânes présents lors de la marche de Rabat nous sommes devenus la risée du monde». Ses déclarations, Benkirane les a faites lors d’un meeting électoral en prévision du scrutin partiel du 3 octobre dans la circonscription de Moulay Yacoub.
Six formations politiques (PJD, Istiqlal, MP, parti Renouveau et équité, parti de la réforme et du développement et le RNI) sont en course pour glaner un seul siège vacant à la Chambre des représentants. Les islamistes ont les faveurs des pronostics. L’Istiqlal a également présenté son candidat. Une défaite du PI risquerait d’ébranler le leadership de Hamid Chabat au sein de son parti. Benkirane est conscient de l'enjeu, c’est ce qui explique son déplacement à Moulay Yacoub.
Pour Benkirane, Chabat est un marchand de fables
Bien en verve, Benkirane ne s’est pas contenté de critiquer l’incorporation des ânes à la marche de Rabat mais il s’est également attaqué aux promesses faites par Chabat à la population de Fès. «Je ne suis pas un vendeur de chimères comme le sont certains», en allusion au maire de la capitale spirituelle. «Je ne vous ai jamais dit que je ramènerai la mer à la ville et la transformerai en ville côtière».
En plein campagne électorale pour les législatives de 2007, le maire de Fès avait en effet fait cette promesse aux électeurs. Il a même consacré un budget conséquent à cette mer artificielle : environ un milliard de dh dont 15 millions de dh engloutis dans des études de faisabilité. Six années plus tard, pour échapper à la canicule de l’été, les habitants de Fès se réfugient toujours dans des piscines bondées.
Parfaitement conscient de l’ascendant qu’il a sur son rival istiqlalien, Benkirane a ensuite lancé à l’assistance : «Où est partis tout cet argent ?». Mais peut-être que les électeurs renverront les deux partis dos à dos. Car entre les ânes et les crocodiles, la politique marocaine est devenue une véritable ménagerie.