Après l’UMP, c’est au tour du PS de se positionner sur le créneau «laïcité», à la veille des présidentielles, et c’est en «exterminant» le voile dans les lieux publique en général, et les crèches en particulier» que le PS semble vouloir y arriver. Les musulmans de France n'ont pas attendu pour faire entendre leur voix.
Après le cas de la crèche privée Baby loup qui fait maintenant jurisprudence en la matière, La députée Françoise Laborde de la gauche radicale a fait une proposition de loi qui vise à «à étendre l'obligation de neutralité à certaines personnes et structures accueillant des mineurs». Selon cette proposition, qui s’adresse aux établissements non confessionnels, les crèches qui profitent d’aides publiques seront «soumises à une obligation de neutralité en matière religieuse». Celles qui ne bénéficient d’aucune aide publique auront le droit, si elles le souhaitent, d’apporter «certaines restrictions à la manifestation de convictions religieuses de leurs salariés qui figureront dans le règlement intérieur».
La loi qui divise
Laborde, pour rallier le PS, a touché un point faible : le «courage» qui leur manque, d’après l’UMP. «En 1981, la gauche n'a rien fait pour la laïcité ; il faut avoir du courage.».
Sauf qu’en se basant sur le cas «Baby loup», la proposition de loi s’attaque visiblement au voile islamique et ne fait pas l’unanimité au sein du PS. «Cela traduit davantage une angoisse devant une forme religieuse à laquelle nous sommes mal préparés que la défense des principes auxquels nous sommes attachés» proteste Gaëtan Gorce, sénateur socialiste. Pour la communiste Nicole Borvo Cohen-Seat, «Que le contrat de travail précise l'habillement me semble source d'un contentieux permanent» alors que qu’Esther Benbassa, d’Europe Ecologie les Verts s’interroge sur l’utilité d’«une énième loi sur le voile». Du côté des musulmans, le débat sénatorial fait houle.
Les musulmans de France en colère
Pour les musulmans de France, ça ne va pas se passer comme ça. Excédé par les lois anti-voile déguisées en lois pour la laïcité, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, fustige le texte de Laborde. Pour lui, ce texte «bafoue explicitement et de manière sans précédent dans l'histoire de notre pays le principe de laïcité, la liberté de conviction dont fait partie la liberté de religion et la liberté d'opinion». «Qui va déterminer ce qui est une manifestation religieuse de ce qui ne l'est pas ? Peut-on sérieusement imaginer d'inscrire sur un contrat de travail la liste exhaustive et détaillée des manifestations sur lesquelles il y aurait accord entre l'employeur et le salarié ?», se demande Mohammed Moussaoui. Il menace également de faire pression à travers un lobby électoral et préviens le PS que cela pourrait être préjudiciable à la veille des échéances électorales.
Chantage électoral
Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) est plus explicite. «S'il advenait qu'une telle mesure soit adoptée, elle serait considérée par un grand nombre d'électeurs, qui ont bien l'intention de faire entendre leur voix lors des élections présidentielles et législatives prochaines, comme la volonté affichée de la part du Parti socialiste de poursuivre la politique islamophobe initiée par M. Sarkozy et son gouvernement». L’extrait est tiré d’une lettre type mise en ligne par le CCIF et à adresser au candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, par toutes les personnes révoltées par cette loi. Une loi qui vise à «faire renoncer les femmes au port du voile et de les asphyxier économiquement et socialement», comme l’explique la juriste du CCIF.