A Palerme (Sicile), un tribunal a préconisé, jeudi, que le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini soit jugé pour l’affaire des 150 migrants du navire Diciotti, qui a été bloqué pendant dix jours en août 2018 dans le port de Catane. Cette recommandation du «tribunal des ministres», chargé des enquêtes visant des membres du gouvernement, pourrait ainsi relancer ce dossier après son classement par le parquet de Catane en novembre de la même année.
Dans cette affaire, 150 migrants ont été recueillis en mer par un navire de la garde-côte, avant d’atteindre le port de Catane. Le débarquement des passagers n’a été autorisé par les services du ministère de l’Intérieur que dix jours plus tard, poussant la justice à mener une enquête pour «séquestration de personnes, arrestations illégales et abus de pouvoir». «Je risque de passer entre trois et 15 ans en prison pour avoir bloqué l’entrée en Italie d’immigrants illégaux. J’en reste sans voix», a fustigé le concerné sur son compte Twitter, relayé par l’AFP.
«Je pose la question au peuple italien : dois-je continuer à être ministre, à exercer mes droits et à remplir mes devoirs, ou bien dois-je demander à tel ou tel tribunal de décider de la politique migratoire ?», a-t-il enchaîné, tandis que le Sénat devra voter son renvoi ou non devant la justice.
En attendant, Matteo Salvini a durci la politique migratoire du pays, notamment en imposant la loi Sécurité aux maires des villes italiennes. Le texte est refusé par les communes de Palerme, de Naples et de Milan car il interdit l’octroi de visas humanitaires aux sans-papiers. Au cœur des polémiques sur la migration en Italie, le ministre du Développement économique, Luigi Di Maio, a lancé que les migrants arrivés en mer devraient plutôt «se rendre en France».