Un nouveau scandale vient d’être révélé au sujet du département de la police de New York (NYPD). Durant les années qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001, celle-ci a recruté plusieurs informateurs immigrés, pour la plupart de confession musulmane. C’est le New York Times qui rapporte l’information dans son édition du dimanche 11 mai.
Pour en savoir plus, ce dernier a interrogé des policiers en activité et à la retraite. Selon eux, la majorité de ces informateurs sont arrêtés pour des infractions mineures avant d’être sollicités par la police. Parmi eux, le quotidien américain cite un vendeur ambulant venu d'Afghanistan, un chauffeur de limousine originaire d'Égypte et un étudiant en comptabilité du Pakistan, souligne l’agence de presse Reuters.
Toujours en activité
Les policiers chargés de cette mission sont, eux, affiliés à une unité spéciale du nom de «Citywide Debriefing Team», toujours en activité. Ces derniers ont mené des centaines d’entretiens avec ces informateurs musulmans, 220 pour le seul premier trimestre 2014. A en croire John Miller, un des responsables de la division du Renseignement, cette unité est venue répondre à un besoin urgent d’informations après les attentats du 11 septembre.
«Nous recherchions des gens qui pouvaient nous donner une ouverture sur le monde du terrorisme», a-t-il fait savoir au New York Times. «On n'obtient pas d'information sans parler aux gens», a-t-il ajouté. Mais ce n’est pas tout.
Obligés de coopérer
De nombreux «informateurs» musulmans, interrogés par la même source, ont dit s’être sentis obligés de coopérer avec la police, de peur d’avoir des problèmes. Bayjan Abrahimi, un vendeur de nourriture afghan, arrêté en 2009 pour une infraction liée à un problème de stationnement, en fait partie. Il assure que les policiers du NYPD l’avaient alors interrogé au sujet d'Al Qaïda. «Connaissez-vous ces gens ?», lui ont-ils demandé.
L’homme, qui affirme être encore perturbé par cette affaire, a été également questionné sur la mosquée qu’il fréquentait, sur la nationalité des autres musulmans qui y priaient et sur son frère chauffeur de taxi en Afghanistan, souligne-t-on. Et pour finir, ils lui ont demandé s’il était d’accord pour espionner les musulmans dans les mosquées et se rendre éventuellement en Afghanistan. Le vendeur a dit avoir accepté par peur de sanctions. Mais après sa libération, il n’a plus jamais entendu parler des inspecteurs qui lui avaient fait subir l’interrogatoire.
Cette nouvelle révélation intervient près d’un mois à peine après que la police de New York ait annoncé, le 15 avril dernier, la fermeture de son unité chargée depuis plusieurs années de surveiller les musulmans. «Notre administration a promis aux New-Yorkais une police qui assure la sécurité de la ville, mais qui soit aussi respectueuse et juste. Cette réforme représente un pas capital pour réduire les tensions entre la police et les communautés qu'elle sert, afin que nos policiers et nos citoyens puissent s'entraider dans la lutte contre les mauvaises personnes», déclarait alors le nouveau maire de New York, Bill de Blasio dans un communiqué. Aujourd’hui, avec ces nouvelles révélations, il semblerait que le maire n’a pas la moindre intention de tenir ses promesses.