Et oui, les jeux sont fait avant même que les bureaux de vote ne soient ouvert, c’est terrible pour la démocratie et surtout pour la gauche française. Justement qu’a-t-elle fait cette gauche (et surtout le PS) pour mériter notre compassion ? Rien ou presque. D’autres diront qu’elle a tenté désespérément de coller au rythme imposé par l’extrême droite, le véritable et unique arbitre du débat politique en France depuis vingt ans. L’ordre, la discipline, la chasse aux fraudeurs, le repli sur une identité fantasmée…, voilà la clé de voûte de la société française contemporaine !
La tentation de ne pas prendre part à ce duel est forte tellement la gauche a manqué de courage politique ces dernières années. Elle a même instrumentalisé et préparé le terrain au débat délétère sur les questions identitaires. Ce débat, sera sans doute la raison du succès de la droite sarkozienne. Souvenez vous de l’instrumentalisation de la laïcité, le succès de « Ni putes, Ni soumises », le silence autour de l'un des ouvrages les plus racistes d'après guerre « La rage et l'orgueil-Plon-» la journaliste italienne Oriana Fallaci déclarait dans ce livre que « il y a quelque chose, dans les hommes arabes, qui dégoûte les femmes de bon goût »-, la guerre fratricide qui s’est emparée du mouvement altermondialiste au sujet de la laïcité, ceux d'entre qui croient encore à une cohabitation possible avec "l'autre" sont taxés d'idiots utiles, Le lynchage dont a été victime le MRAP en la personne de Mouloud Aounit qui fut évincé de la vice présidence de la région Ile de France en 2004 (région présidée par le PS), les dérives sécuritaires de Malek Boutih et ses propositions sur l’immigration applaudies par le FN, la passivité des députés socialistes lors du vote de l’article 4 de la loi de Février 2005 sur les bienfaits de la colonisation, les déclarations de François Hollande lors de sa rencontre avec le CRIF en Janvier 2006 « qu’il y a une tendance qui remonte à loin, ce que l’on appelle la politique arabe de la France et il n’est pas admissible qu’une administration ait une idéologie », le même François Hollande se pressait à la 17e chambre du tribunal de Paris pour soutenir le gaucho-néoconservateur-pro-Bush Philippe Val lors du procès des caricatures... autant de signes que nous sommes face à un repli identitaire généralisé, la pédagogie de Samuel Huntington est payante.
L’indignation sélective continue avec l’affaire Robert Redeker, BHL a rameuté tout ce que les salons parisiens comptent comme intello de gauche pour faire triompher l’insulte acceptable. Pour s’en convaincre il suffit de lire la tribune de Redeker, qui est à des années lumières d’une critique saine d’une religion ou idéologie !
La médiatisation outrancière du danger « islamiste », Tarik Ramadan faisait l’ouverture du JT de 20h, le déchaînement d’une gauche réactionnaire autour d’une laïcité galvaudée et la complicité des responsables politique du parti socialiste a fini par décomplexer les thèses identitaires, tellement le consensus est installé!
Et Sarko dans tout ça ? Les capteurs branchés sur la société, l’homme n’a qu’une seule idée en tête : trouver le chemin le plus court pour se rendre à l’Elysée. Ce chemin passe obligatoirement par les banlieues, sur les dalles des cités Sarkozy sert la soupe à la France qui « souffre » avec des mots qui vont marquer les esprits positivement: La france on l'aime ou on la quitte. Au moins lui il « leur » rentre dedans ! Au fil des jours, convaincu que la France a mal à son identité, il multiplie les déclarations provocatrices et empoche les bénéfices dans l’opinion. On se souvient des moutons dans la baignoire. Sa dernière trouvaille est le ministère de l’immigration et l’identité nationale. Les sondages qui ont suivi cette déclaration confirment que Sarko est en phase avec l’opinion. Ségo est obligée de courir après le drapeau mais les carottes sont cuites. Sarko a popularisé les « cogitations » des laïcards extrémistes, il les a rendus accessibles aux beaufs et en toute logique c’est l’intermédiaire qui se fait la plus grosse marge bénéficiaire.
Face à la déferlante Sarkozyste, le PS reste silencieux, par peur de fâcher l’opinion plus que jamais derrière les termes guerriers utilisés par Sarko. Décidément la peur a changé de camp comme il se plaisait à le dire au début de son mandat à l’intérieur. Les journalistes font profil bas quand ils ne le soutiennent pas. Il y a de quoi avoir peur, le rouleaux compresseur du clan Sarko est en marche, entre la pression sur les éditeurs, les amitiés nombreuses dans les arcanes médiatiques et les intimidations directes (Azzouz BEGAG en sait quelque chose), les médias complices s'investissent à fond et par conviction, les autres (telle France Télévisions) se font emporter par la vague et préfèrent ne pas déclencher la colère du chef. Ces médias qui ont salué la déclaration de Sarko pendant le procés de Charlie Hebdo « Je préfère un excès de caricature à un excès de censure » n'ont rien trouvé à dire lorsque le coléreux s'emportait contre les caricatures de Plantu le concernant. Le témoignage de ce dernier se suffit à lui même « Sarkozy impressionne tellement que, s’il y a un pétochard dans la rédaction en chef, la liberté du dessinateur est fichue ».
L'enquête réalisée par l'hebdomadaire républicano-nationaliste du centre gauche « Marianne » est terrifiante à cet égard. Espérant qu'elle leur servira de leçons à ces identitaires qui ont aussi contribuer à l'essor des thèses de repli. Le 11 septembre a causé beaucoup plus de dommages collatéraux qu'on ne semble pas mesurer. La gauche aussi a été touchée par les sirènes identitaires. Pas question de revisiter l'histoire de France, vous êtes immédiatement taxés d'anti-France, pire d'ennemi de la démocratie et de la laïcité.
Au sujet de la république face à la période coloniale, là encore Sarko ne fait que populariser le concept de rejet de la repentance que Jospin a inauguré en 2000 en plein débat sur la torture en Algérie. Le PS est figé dans une position de suiveur et il devient inaudible dans l'opinion. Jamais ce parti n'a montré un courage politique pendant cette campagne, bien au contraire Ségolène se prête à la surenchère sécuritaire, imposée par la droite dure. Ses hésitations sur les sans papiers démontre le tiraillement entre l'opinion et l'identité de la gauche. L'évocation de la France « métissée » dans son meeting de Marseille ne se traduit pas dans les sondages, bien au contraire. Sarko, lui avance avec les études quotidiennes de l'opinion, plus question de la discrimination positive et du vote des étrangers, les capteurs font remonter de mauvais indicateurs. Pour justifier cela, dans le clan Sarko on dit qu'il a changé sa conception de la république grâce à la rencontre avec un gaulliste « Guaino » qui d'après le Figaro du 26/02/2007, est venu accoucher Sarkozy de lui-même. Un Sarkozy républicain, ni atlantiste, ni communautariste, ni ultralibéral. Quelle capacité d'adaptation! Rien que pour ça il mérite la place! Le même Sarkozy a découvert le monde ouvrier en 2004 d'après son directeur de campagne, Claude Guéant (interview du journal métro en Février 2007) sans aucune crainte de se faire passer pour un imposteur tellement l'homme a préempté les valeurs de gauche (ou ce qu'il en reste).
La morale de l'histoire est que la gauche a creusé sa défaite annoncée en jouant dans les eaux troubles. La migration massive des « penseurs » parisiens vers le temple sarkozyste, le seul capable de protéger l'identité française sinon « la France va perdre son âme à cause de l'immigration » d'après un éditorialiste qui sévit tous les vendredi sur le Figaro « Ivan Rioufol »! Voilà à quoi il faut s'habituer pendant les 5 ou 10 ans qui viennent! à part ça tout va bien, les français se passionnent pour la politique, le Pen est battu, l'honneur est sauf. Circulez, il n'y a rien à voir et si vous n'êtes pas content, vous savez trouver la sortie... suivez les flèches