Le 14 novembre, Rabat abritera une conférence régionale pour le renforcement de la sécurité des frontières entre les pays du Sahel et du Maghreb. En mars 2013, le Maroc avait organisé la première édition de cette réunion. Ce n’est pas tout, puisque cet intérêt du royaume pour son espace vital africain devrait se poursuivre par l’accueil, durant 2014, du prochain sommet des Etats de la Cen-Sad. Le royaume ambitionne de faire de ce rassemblement une force non pas politique mais également économique en Afrique, notamment si le projet de banque de la Cen-Sad voit le jour.
Le Sahel, enjeu stratégique pour le Maroc
Ces deux rendez-vous ont été annoncés, depuis Bamako, par la ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, Mbarka Bouaida, où elle participe au côté du chef de la diplomatie, Salaheddine Mezouar, à la première réunion ministérielle sur la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, approuvée par le Conseil de sécurité. Une rencontre pour laquelle le Maroc a nettement contribué à son élaboration, en tant que membre non-permanent du CS.
La sécurité au Sahel était l’un des grands dossiers de la diplomatie marocaine durant l’ère El Otmani. Le 30 septembre dernier, devant l’Assemblée générale de l’ONU, l’ancien ministre des Affaire étrangères appelait de ces vœux au développement d’une «stratégie entre les pays du Sahel et ceux de l'Union du Maghreb arabe visant à lutter contre le terrorisme». Pour mémoire, c’est sous la présidence du Maroc du Conseil de sécurité que les Quinze avaient adopté, en décembre 2012, la résolution 2085, autorisant le déploiement d’une force internationale au Mali.
Par ailleurs, le 29 octobre dernier au CS, Mbarka Bouaida, la n°2 de la diplomatie, a réitéré, à l’occasion d’une réunion consacrée au Mali, «l’engagement total (du Maroc) en faveur de la sécurité, la stabilité, l'intégrité territoriale et l'unité nationale du Mali, et exprimer son soutien aux efforts de reconstruction et de la consolidation de la paix et du développement».
Le duel Maroc/Algérie se joue également au Sahel
Sans aucun doute, la présence du roi Mohammed VI à la cérémonie d’investiture du nouveau président malien Ibrahim Boubakar Konaté a couronné tout un processus marquée par une adhésion, sans faille, du royaume en faveur de l’intégrité territoriale du Mali. Une position qui a permis au Maroc de gagner à la fois le soutien d'un Etat, autrefois partisan du Polisario, mais aussi et surtout d’annoncer son retour avec force sur la scène africaine, via le Sahel.
L’Algérie a toujours tenté d’éloigner le royaume de cette région. En septembre 2009, lors du lancement de Coordination de Tamanrasset pour la lutte contre les groupes terroristes, elle avait tenu à ne pas inviter Rabat, arguant de l'absence de frontière entre le Maroc et le Sahel. Quatre ans plus tard, l’entité a perdu de son influence au point de devenir un corps cliniquement mort.
Toutefois, Alger s’obstine à ne pas reconnaître cette vérité et tente de lui redonner vie. La semaine dernière, elle a dépêché son chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra dans les trois pays qui constituaient, à côté d’elle, la fameuse Coordination de Tamanrasset : Mauritanie, Niger et le Mali.