Depuis le début de l’année, 530 immigrés en Belgique ont demandé de l’aide au «guichet retour» de Fedasil, agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile, pour rentrer dans leur pays d’origine, a révélé l’agence, mardi 2 juillet, en présence de la secrétaire d'Etat belge à l'Asile et la Migration, Maggie De Block. Alors que les Marocains représentent la première communauté étrangère hors Union européenne en Belgique, ils ne sont que 14 à être retournés volontairement au Maroc, loin derrière les ressortissants des Balkans.
«La communauté marocaine installée en Belgique est essentiellement composée d'immigrés arrivés en Belgique dans les années 70 et des générations ultérieures, et qui ont depuis acquis la nationalité belge. Dès lors, le retour volontaire concerne très peu les Marocains, puisque le programme vise les demandeurs d'asile (récemment) déboutés et les personnes en séjour irrégulier», explique Axel Delers, responsable communication à Fedasil. Les demandeurs d’asile marocains en Belgique sont rares : ils étaient 113 en 2012.
Prime au retour
En 2012, seuls 64 Marocains - 8 demandeurs d’asile déboutés et 56 en séjour irrégulier - ont donc compté parmi les 5656 retours organisés par Fedasil et tous ses partenaires. Ils ont tous bénéficié de la prime de retour, 250 euros par adulte, et 125 euros par mineur, donnée en cash à l'aéroport de départ. Une aide à la réinstallation varie ensuite en fonction du statut. «Un demandeur d'asile qui souhaite retourner pendant la durée de sa procédure ou dans les 30 jours de validité de l'ordre de quitter le territoire peut bénéficier d'une aide allant de 700 à 1500 euros (également valable pour les mineurs d'âge non accompagnés). Par contre, après cette période, ils sont en séjour irrégulier et l'aide diminue (700 euros maximum)», explique Axel Delers.
Aujourd’hui, les Marocains amenés à quitter l’Union européenne font encore l’objet d’expulsions dans leur immense majorité. Selon les données Eurostat de 2012, 14 160 Marocains ont été expulsés de l’Union européenne, tandis que le nombre de retours volontaires vers le Maroc suivant une procédure d’aide est resté comparativement très faible. Le nombre de Marocains qui en ont bénéficié entre 2000 à 2011 est de 821, révèle l’étude «Retour des migrants irréguliers au Maroc : quelles politiques de réintégration » du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et de l'Institut de Recherche sur les Politiques Publiques (IPPR), présentées le 1er juillet, dans le cadre du projet «Beyond Irregularity».
Pas plus facile à vivre
Cette étude révèle que «le retour volontaire ne fut pas toujours plus facile à vivre que les expulsions, en particulier si le migrant se sentait obligé de rentrer dans son pays.» Les auteurs ont écouté 50 hommes qui avaient choisi d’aller en Europe de façon illégale et qui sont revenus expulsés ou de façon «volontaire», mais aucun n’avait bénéficié d’un programme d’aide au retour. Au final, «seule une petite minorité (environ un cinquième) des personnes interviewées a exprimé une certaine satisfaction par rapport à leur réintégration», révèle l’étude. Leur point commun : «la nature volontaire de leur retour. Ces personnes étaient revenues par choix, sans s’être senties forcées de revenir par elles-mêmes et sans avoir été expulsées par les autorités européennes.»