Le Parti de la justice et du développement (PJD) a tenu une conférence de presse jeudi au sujet du «Conflit d’intérêts dans le contrat de dessalement de l’eau de mer dans la région de Casablanca-Settat», attribué à une entreprise d’Aziz Akhannouch.
Lundi, lors de la séance mensuelle plénière consacrée aux questions orales adressées au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch a soutenu l’appel d’offres accordé au projet de dessalement de l’eau de mer à Casablanca. Il a fait valoir que l’entreprise qu’il détenait avait présenté la meilleure offre.
En conférence de presse jeudi, le secrétaire général du PJD a, quant à lui, estimé que le chef du gouvernement devrait faire preuve d’intégrité. À ce titre, Abdelilah Benkirane a soutenu que les lois existaient à cet effet, qualifiant de «honteuses et défectueuses» les actions d’Akhannouch.
Le secrétaire général du parti de la Lampe a soutenu que non seulement la société d’Akhannouch avait remporté l’appel d’offres, mais qu’«il avait porté le projet devant la commission de subvention pour obtenir un soutien de 30 % pour le projet, dont l’investissement s’élève à 6,5 milliards de dirhams».
Selon Benkirane, Akhannouch serait à la fois le chef de la Commission nationale des investissements et le chef de l’entreprise ayant remporté le projet de dessalement, ce qui signifie que les déclarations au Parlement «étaient mensongères», avec un «impact négatif et dangereux sur les responsabilités».
À ce titre, le secrétaire général du PJD a estimé que les déclarations du chef du gouvernement selon lesquelles le projet de dessalement ne bénéficiait pas d’un soutien public contredisaient la version de la Commission nationale des investissements. Il a également critiqué la réduction des impôts de 35 % à 20 %, affirmant qu’elle était «au bénéfice de ses entreprises».
Ainsi, Benkirane a appelé Akhannouch à démissionner de son poste de chef du gouvernement, tout en avertissant que ces actions conduiraient à une perte de confiance dans les institutions et l’État, ce qui avait précédemment mené aux protestations de rue, le 20 février 2011.
Un conflit d’intérêts également avec l’ONEE
Lors de la même conférence de presse, Driss El Azami El Idrissi, président du Conseil national du PJD, a soutenu que ce gouvernement était «marqué par un conflit d’intérêts», avec une approche susceptible de «mettre en péril les entreprises marocaines».
Dans ce sens, El Azami El Idrissi a pointé «une contradiction» des déclarations du chef du gouvernement en séance plénière du Parlement, avec les principes constitutionnels. Soulignant que le dessalement est supervisé par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), il a rappelé qu’Aziz Akhannouch était «à la tête du conseil d’administration de l’ONEE, dans un conflit d’intérêt direct».
Et d’ajouter que le chef du gouvernement présidait par ailleurs la Commission nationale du partenariat public-privé, «qui autorise le recours aux procédures de négociation et qui a exceptionnellement accordé l’autorisation de conclure cet accord, avec deux soumissionnaires et non trois, comme le prévoit la loi».
Driss El Azami El Idrissi souligne également que le cahier des charges exclut toute candidature qui privilégierait un soumissionnaire par rapport aux autres. Concernant le présent accord qui fait débat, il estime ainsi que le chef du gouvernement «en connaît d’emblée les détails». Dans le cas échéant, «il existe un soupçon réel qui ne peut être nié» à ce propos.
Selon le président du Conseil national du PJD, le conflit d’intérêts est caractérisé notamment par la création d’un taux préférentiel «sur mesure», au niveau de l’impôt sur les sociétés dans la loi de finances 2023. L’amendement réduit cette part de 35 % à 20 % pour les entités qui concluent une convention d’investissement de 1,5 milliard de dirhams, dans les cinq ans, mais décélère l’élan des autres entreprises.