Le Département d’Etat américain a diagnostiqué le climat des investissements au Maroc. Le royaume a l’ambition de se hisser «en un pôle commercial et industriel régional en tirant parti de sa situation géographique stratégique, de sa stabilité politique et de ses infrastructures de classe mondiale pour se développer en tant que secteur manufacturier et industriel régional», indique les services d’Antony Blinken dans un rapport publié hier soir.
«Le gouvernement du Maroc a mis en œuvre des stratégies visant à encourager l'emploi, à attirer les investissements étrangers et à accroître les performances et la production, désignant les énergies renouvelables, l'automobile, l'aéronautique, le textile, les produits pharmaceutiques, l'externalisation et l'agro-industrie comme industries clés. La nouvelle Charte des investissements du Maroc, adoptée en décembre 2022, élargit considérablement les incitations aux investissements étrangers», se félicite la même source.
Les investissements directs étrangers en 2023 se sont établis à 10,15 milliards de dirhams (environ 1 milliard de dollars), soit une baisse de 53,3% par rapport à l’année précédente, selon des chiffres publiés en février 2024 par l’Office des Changes. De son côté le Département d’Etat a noté que «les IDE au Maroc ont diminué de 6% en 2022 pour atteindre 2,1 milliards de dollars, contre 2,2 milliards de dollars en 2021, en baisse par rapport au pic de 3,6 milliards de dollars atteint en 2018».
Une reprise constatée en 2024
Des contre-performances pointées du doigt par certains médias et des partis de l’opposition au Maroc. Néanmoins, le gouvernement préfère plutôt se focaliser sur les bons résultats enregistrés au premier trimestre de 2024. L’Office des Changes a noté que le flux net des IDE s’est établit à 5,8 milliards de dirhams à fin mars 2024, en hausse de 56,2% par rapport à la même période en 2023. Une dynamique appelée à se poursuivre dans les mois à venir. «En 2024, le Maroc a ratifié 72 traités d'investissement pour la promotion et la protection des investissements et 62 accords économiques», précise le rapport du Département d’Etat américain.
Cette embellie est partagée également par des médias internationaux. Le quotidien français Le Monde a estimé, le 27 mai, «à près de 10 milliards d’euros», le montant des investissements que six sociétés cotées chinoises, spécialisées dans la production de batteries, ou de leurs composants, pour voitures électriques, ont annoncé réaliser au royaume. En témoigne la signature, le 29 mars, à Rabat de la convention d’investissement du projet stratégique de la société BTR New Material Group (chinois), pour un montant d’investissement de 3 milliards de DH.
Une dynamique qui n’est pas l’abri d’un retournement. «L’inefficacité de la bureaucratie gouvernementale, la corruption et la lenteur de la réforme de la réglementation demeurent des défis. En plus de ces problèmes structurels, le gouvernement marocain ne dispose pas d'un processus de sélection des investissements pour les secteurs critiques tels que les télécommunications, les minéraux critiques et les terres rares, ainsi que les énergies renouvelables», a pointé le rapport du Département d’Etat américain.