Les membres de la famille de Meryem, une petite fille de 9 ans, ont signé, mercredi, une déclaration où ils reviennent sur le retrait d’une plainte, déposées précédemment dans le cadre d’une affaire de pédophilie à Taourirt (commune rurale d’Issafen, province de Tata). Selon des informations recueillies par Yabiladi auprès du tissu associatif local et des proches de l’enfant, la mère de cette dernière a signé l’avis attestant qu’elle revenait sur ce retrait, tandis que le beau-frère de Meryem affirme avoir déposé une nouvelle plainte pour «attouchements sexuels et tentative de viol», auprès de la gendarmerie.
«Nous avons saisi également le procureur du tribunal de première instance à Tata, par courriel en raison des conditions d’urgence sanitaire, mais aussi par voie postale en recommandé ; nous vérifierons vendredi au sein même du tribunal si une procédure est désormais enclenchée», a déclaré le plaignant, Abdelaziz Z., à Yabiladi. Après le dépôt de la première plainte, la famille aurait subi des pressions au sein du village, ce qui l’a poussée à renoncer aux poursuites. Face aux questionnements et aux insistances de la fillette, la maman serait revenue sur cette décision.
A l’origine des révélations, Meryem aurait confié dernièrement son récit à une amie, au cours d’un échange en présence de sa sœur aînée, et dont le beau-frère dit avoir été témoin. Selon la fillette, l’agresseur présumé, un proche également, lui aurait régulièrement fait subir des sévices sexuels, depuis au moins un an. Les faits se seraient déroulés dans la chambre du concerné, au domicile familial avoisinant celui de l’enfant. «Il l’aurait également amenée dans les champs qui ne sont pas loin et jusqu’à récemment, un peu avant le mois de Ramadan, ces sévices seraient devenus presque systématiques, à chaque fois qu’il rencontrait la petite fille», souligne le plaignant.
Un proche de confiance
Abdelaziz Z. reconnaît que pendant cette période, «les parents et l’entourage proche ne se sont doutés de rien, surtout que le concerné est un proche, ce qui implique des rapports de confiance». «Physiquement, la fillette ne montrait pas de traces non plus, qui auraient pu alerter la maman ; c’est au cours des dernières semaines qu’elle nous est apparue de plus en plus attristée, angoissée, se renfermant peu à peu sur elle-même», déclare-t-il. «Elle a commencé même à éviter tous les autres membres de la famille avec lesquels elle avait pourtant de bons rapports, refusait de se nourrir, commençait à se plaindre parfois de douleurs», selon Abdelaziz Z., qui décrit un «profond traumatisme» chez Meryem.
La famille est désormais soutenue par le Forum Ifous pour la démocratie et les droits humains, ONG dotée de centres d’écoute associatifs, ouverts aux femmes et aux enfants victimes de violence. La structure propose d’ores et déjà que l’affaire soit suivie par l’une de ses avocates, tandis que d’autres démarches de mobilisation sont en débat avec la famille.
«Certains acteurs associatifs nous ont proposé d’organiser un sit-in, mais nous n’avons pas encore de visibilité sur les actions à entreprendre, tant que nous ne savons pas si la procédure judiciaire prendra son cours dans un futur très proche, ce que nous espérons.»
Contacté par Yabiladi, le Forum Ifous confirme avoir pris connaissance de l’affaire et s’être saisi du dossier, mais a préféré s’exprimer dessus une fois que la procédure judiciaire aura pris son cours. En moins d’un mois, c’est la seconde affaire du genre dont l’ONG est saisie au niveau de la province de Tata.