En Italie, l’heure est à l’indignation après qu’un questionnaire contenant des affirmations à caractère raciste et discriminatoire à l’égard des Marocains, ait été soumis à des lycéens de l'Istituto d’Istruzione Superiore Statale Andrea Fantoni di Clusone, dans la province de Bergame.
Des questions du type «est-il vrai que le comportement criminel des Marocains est dû aux différences culturelles de ce peuple ?», «Etes-vous d’accord que les Marocains sont issus de populations qui ont des compétences moins développées ?» ou encore «Serais-je prêt(e) à avoir des relations sexuelles avec un (e) Marocain (e) ?», rapporte le média italien Il Giornale.
Les questions publiées par Il Giornale. / DR
Contacté par Yabiladi, Hamid Bichri, président de l'Union démocratique des associations des Marocains en Italie (UDAMI), est particulièrement remonté : «En tant qu’association, nous avons demandé à ce qu’une enquête soit ouverte avec ce professeur et souhaitons qu’il ne donne plus de cours jusqu’à ce que les investigations soient conclues».
«Nous sommes prêts à saisir la justice sur cette question, car son questionnaire alimente la haine contre les immigrés en général et les Marocains en particulier. Plusieurs associations et partis politiques ont dénoncé cet offense. Les représentants du ministère de l’Education nationale prennent aussi cette affaire très au sérieux et ont promis de ne pas laisser passer.»
L’extrême droite et le parti Liga pointé du doigt
Pour l’associatif ayant consulté le questionnaire, «les questions sont bêtes». «Il s’agit de lycéens âgés de 14 à 16 ans et non pas des majeurs ou des adultes. Pour nous, cela démontre comment l’extrême droite a permis à des professeurs et des enseignants d’oser faire des questionnaires pareils», dénonce-t-il.
Hamid Bichri rappelle que la Lombardie en général est une région comprenant «beaucoup de sympathisants de la Lega, connue pour ses positions hostiles à l’égard de la migration». «Le questionnaire démontrant la haine et la xénophobie n’est qu’un épisode où la migration est utilisée comme carte par les partisans de ce parti, qui perd du terrain en Italie», ajoute-t-il, en déplorant que «les Marocains, nombreux en Lombardie, sont souvent pointés du doigt et discriminés».
Toutefois, il s’agit d’un «un incident qui ne représente pas la situation en Italie». «Il y a eu d’autres incidents du même genre, mais qui restent des cas isolés», rassure-t-il.
Pour sa part, Adil Lasry, le président de l'Association des travailleurs marocains en Italie dénonce des «questions très orientées», en s’interrogeant «comment peut-on concevoir des questionnaires pour une partie de la population qu’on pointe déjà avec des propos xénophobes et discriminatoires ?». «Il faut s’interroger sur le but et la finalité de ce questionnaire et saisir la justice pour ce genre d’incidents», ajoute notre interlocuteur.
«En tant que Marocains résidant en Italie, nous sommes habitués à ce genre d’incidents racistes et discriminatoires, que ce soit de la part de politiques, de responsables ou de société civile et nous nous sentons impuissants. La société civile en Italie, et notamment des immigrés, n’est malheureusement pas assez influente», déplore-t-il.
Pour un front afin de défendre les Marocains contre le racisme
«Le fait que l’ambassade du Maroc ait réagi à cet incident est une première. Auparavant, la représentation diplomatique ne réagissait pas aux vagues de propos discriminatoires dont nous faisions face. Nous n’avions personne pour nous défendre», confie-t-il. Et de plaider pour la constitution d’un «front d’associations de Marocains pour faire face aux propos et actes discriminatoires et racistes».
Les réactions des associations de Marocains en Italie interviennent alors que l’ambassade du Maroc à Rome a réagi, mercredi, audit questionnaire. Dans un communiqué, la représentation diplomatique du Maroc, qui a dit avoir «appris avec étonnement la malencontreuse initiative du questionnaire», a exprimé son «ferme rejet» et a dénoncé des «affirmations tendancieuses» sur l'identité des ressortissants marocains établis dans ce pays.
Et d’évoquer un «acte étrange à la société italienne dont les valeurs de tolérance, de convivialité et du vivre-ensemble constituent des principes fondamentaux». L’ambassade du Maroc à Rome s'est dite en outre «convaincue que les autorités italiennes compétentes ne sauraient tolérer un tel acte et ne manqueront pas d’y apporter la réaction appropriée».