Au cours des 9 premiers mois de cette année, 115 plaintes concernant des actes à caractère islamophobe ont été déposées, a annoncé Abdallah Zekri, président de l’Observatoire des actes islamophobes (OAI), ce jeudi à Paris. Ce chiffre, qui représente 22% de plus par rapport à la même période en 2010, regrouperait les plaintes pour les profanations de cimetières et lieux de culte, les agressions, insultes, provocations, corans brûlés ou jetés dans les poubelles.
Abdellah Zekri a par ailleurs, estimé que ces chiffres, qui restent conséquents, restaient toutefois, «éloignés de la réalité», car les tous les actes ne font pas l’objet de plaintes. Pour le président de l’OAI, s’il fallait prendre en compte tous les actes qui ne sont pas dénoncés, l’inflation des faits à caractère islamophobe serait de l’ordre «de 50 à 55%».
Quand les partis classiques jouent le jeu de l'Extrême droite
Pour Samy Debah, président du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), contacté par nos soins, cette hausse «va de pair avec les propos déplacés et les polémiques montées par l’Extrême droite, sur la présence des musulmans en France, polémiques auxquelles les partis traditionnels n’ont trouvé meilleure réponse que de s’y engouffrer».
Au niveau de l’OAI, on craint une nouvelle flambée des statistiques de l’islamophobie à l’approche de la prochaine élection présidentielle française. «Il va y avoir des esprits malsains qui vont désigner les musulmans et l'islam», s’est inquiété M. Zekri. Samy Debah explique que «les partis d’extrême droite, vont faire de l’islamophobie leur fonds de commerce pour récolter des voix, en surfant sur le climat délétère qui règne en France».
Certains des «esprits malsains» auxquels Abdellah Zekri fait allusion, se sont d’ailleurs illustrés dans la nuit de jeudi à ce vendredi, dans la commune de Saint-Martin-le-Vinoux, dans la région de Grenoble (Isère, sud-est de la France). Un groupe répondant au nom de «Bloc Identitaire» a trouvé bon de rebaptiser les rues de la petite ville.
Les habitants ont ainsi eu la surprise de découvrir que certaines de leurs rues avaient été rebaptisées «rue de la Mosquée», «rue de la burqua», ou encore «rue du halal». Pour le collectif, cette action était destinée à «alerter les habitants de Saint-Martin-le-Vinoux de l'islamisation de leur ville, et plus largement, du bassin grenoblois». Rivalisant de créativité certains islamophobes avaient appelé à «égorger les musulmans à la place des moutons» pour l’Aid, sur le réseau social Facebook, début septembre.
Voilà autant d’actes jugés «inacceptables» par le président du CCIF. Samy Debah estime d’ailleurs qu’en France, les autorités publiques ne jouent pas leur rôle. Il déplore à cet effet «le discours de certains ministres, qui s’inscrivent dans la surenchère islamophobe». Il déplore à cet effet, que la justice ne parvienne pas à mettre la main sur les auteurs de ces provocations.
Samy debah déplore en plus, le manque de soutien envers la communauté musulmane en France «à l’heure où certains expriment leur soutien à Charlie hebdo (dont les locaux ont été incendiés après la parution d’un numéro où le journal avait élu le prophète Mohamed pour rédacteur en chef, ndlr), nous aimerions voir le même soutien apporté aux citoyens musulmans, lorsque ceux-ci sont insultés, ou bafoués dans leurs droits».