Une étude suggère une piste thérapeutique pour la silicose, la maladie mortelle de Jerada

C’est une avancée majeure dans le domaine scientifique. Des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de l’Université d’Orléans, en collaboration avec des cliniciens turcs, ont pu desceller un facteur majeur provoquant la maladie mortelle de silicose, rapporte le magazine Sciences et Avenir.

L’équipe de scientifiques s’est penchée sur le mécanisme clé de l’inflammation pulmonaire menant à la silicose, une maladie qui fait ravages dans la ville de Jerada (Nord-est du Maroc). En effet, cette maladie est développé principalement chez les hommes et les femmes travaillant dans l’industrie minière et l’industrie de la pierre, ainsi que dans les métiers incluant la manipulation de sable de fracturation pour l’industrie du gaz de schiste, précise dans les chercheurs dans leur publication.

L’article en question paru dans la revue scientifique Nature Communications, intitulé «La détection dépendante de STING de l’auto-ADN entraîne l’inflammation pulmonaire induite par la silice», donne plus de détails sur cette maladie qui fait toujours des ravages dans beaucoup de pays. La silicose est en réalité une inflammation pulmonaire fibreuse chronique et progressive, qui se développe par l’inhalation de la silice cristalline. Ses fines particules s’infiltrent dans le système respiratoire et ne peuvent être dégradées ou éliminées, précise le magazine Science et Avenir.  

A l’origine de la maladie

La tentative d’élimination provoque une sécrétion de cytokines, qui provoquent un stress cellulaire, conduisant finalement à la mort «de la muqueuse pulmonaire, en engendrant la prolifération des fibroblastes et de collagène autour de la particule de silice, avec pour résultat le remplacement de la muqueuse par une fibrose, du tissu cicatriciel», poursuit la même source. Ainsi, une réduction irréversible de la capacité respiratoire touche le malade et entraine sa mort au bout de quelques années.

Cet effet domino provoqué dans l’organisme, les chercheurs l’expliquent par le fait que «l’ADN libéré dans les voies respiratoires lors de la mort cellulaire active une cascade de signalisation appelée voie STING. Cette voie déclenche une inflammation des poumons qui peut éventuellement se transformer en silicose», peut-on lire dans le communiqué de presse du CNRS.

L’autre avancée majeure est la découverte d’«une enzyme qui dégrade l’ADN libéré dans les voies respiratoires et qui prévient l’inflammation pulmonaire induite par la silice». Ainsi, pour les chercheurs, la maladie de silicose peut être prévenue en réduisant cette cascade de signalisation appelée voie STING. Cela peut se faire par «dégradation de l’ADN extracellulaire», a souligné le CNRS dans un communiqué de presse rendu public plus tôt ce mois-ci.

Pour rappel, depuis l’année dernière, un centre dédié aux maladies respiratoires et à la silicose a vu le jour à Jerada. Ce centre compte une équipe médicale et infirmière généraliste et spécialisée dans les maladies respiratoires et cardiovasculaires, composée de 5 médecins, 22 infirmiers, des techniciens de radiologie, deux kinésithérapeutes ainsi qu’un ensemble de cadres administratifs et techniques.

Depuis le lancement de ses services, le centre a commencé à enregistrer une forte affluence, notamment des patients qui étaient contraints de se déplacer vers Oujda ou d’autres villes pour le traitement, avec tout ce qui en résulte de fatigue physique ou de dépenses financières. Les espoirs sont portés pour que les souffrants de l’anthracose notamment, maladie largement répandue chez les anciens ouvrier des mines de Jerada et similaire à la silicose, soient enfin accompagnés au quotidien.