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Interview

Abdelkrim Belguendouz, le Pacte de Marrakech et la place des MRE dans la politique migratoire du Maroc

Ayant pris part à une table ronde organisée dans le cadre du GFMD, le professeur et chercheur dans le domaine des migrations, Abdelkrim Belguendouz commente le Pacte mondiale sur les migrations sûres, ordonnées et régulières qui sera signé à Marrakech.

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Le professeur et chercheur dans le domaine des migrations et de la communauté marocaine à l'étranger, Abdelkrim Belguendouz. / Ph. DR
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En tant que chercheur sur les questions migratoires, que pensez-vous du Pacte mondial sur la migration qui sera adopté la semaine prochaine à Marrakech ?

Le pacte est le résultat de plusieurs négociations et de propositions avant d’arriver à un consensus. Il y a des choses à saluer mais d’autres sur lesquelles on peut ne pas être d’accord. Seulement, il y a le caractère non contraignant et c’est la raison pour laquelle nous ne comprenons pas pourquoi certains pays refusent de signer.

Maintenant, sur le pacte lui-même, il faut le comparer à d’autres instruments contraignants qui existent, qui sont plus larges et sur lesquels il y a eu des avancées à l’instar de la Convention de la protection de tous les travailleurs migrants et de leurs familles. Cette convention n’a jamais été signée ou encore ratifiée par les pays industrialisés. Maintenant, ils ont trouvé le moyen de contourner et ladite convention a été pratiquement vidée de sa substance. L’accent est aussi mis, dans le pacte, sur des aspects plus sécuritaires. Mais il y a des aspects positifs.

Le Maroc dispose depuis 2013 d’une stratégie nationale de l’immigration et de l’asile alors qu’un nouveau projet de loi viendra la compléter…

J’aurai souhaité à l’occasion de ce forum et la signature de ce pacte qu’un certain nombre de mesures soient prises pour, par exemple, mettre l’arsenal juridique. Il y a eu une loi sur la lutte contre la traite des êtres humains mais pour toutes les autres lois nous attendons des annonces les concernant depuis 2013. Il faut ouvrir un débat et expliquer pourquoi ça tarde. Mais la loi sur l’asile n’existe pas alors que la loi 0203, liberticide qui considère l’émigration irrégulière comme un crime, doit être revue et inclure la vision humanitaire de la question migratoire.

En tant que chercheur, quelles sont selon vous les lacunes qui doivent être corrigées ?

Il y a un retard énorme dans l’objectif de la mise à niveau juridique. Quant à l’intégration ou plutôt l’insertion harmonieuse des migrants, c’est un travail de longue haleine qui suppose de l’accompagnement et qui fait pratiquement partie d’un projet sociétal. En effet, l’opinion publique doit aussi adhérer. Seulement, beaucoup ne comprennent pas le sens de la nouvelle politique. Donc il y a tout un travail d’explication et de sensibilisation. Et il y a d’autres lois dont on ne voit plus la couleur.

Vous reprochez aussi à cette loi de ne pas évoquer les Marocains résidant à l’étranger bien qu’ils fassent partie des préoccupations marocaines liées à la migration…

On parle de volet migration et asile mais l’autre partie, sur les Marocains résidant à l’étranger est en effet oubliée. Pour le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), constitutionnalisé en 2011, la loi pour opérationnaliser l’article 163 n’a pas encore vu le jour. La Fondation Hassan II pour les MRE, créée en 1990, a aussi besoin d’être revue tout comme son comité directeur. On a du mal à voir l’effort du gouvernement dans ce sens. Il faut que cela soit fait le plus rapidement possible, parce que nous n’avons pas de stratégie nationale pour les Marocains résidant à l’étranger. Il n’y a même pas un véritable plan d’action à moyen terme. Il y a eu une tentative d’élaborer une stratégie entre 2012 et 2013 mais elle a échoué, d’où l’appel royal du discours du trône de 2015.

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