Madame M’safra (Madame est en voyage) est un programme de télé-réalité dans lequel des dizaines de Marocaines d’un même quartier, font leurs bagages pour se payer quelques jours de vacances à Marrakech. Elles laissent derrière elles leur mari, qui ont pour devoir de s’occuper de tout à la maison. Ils devront ainsi faire la lessive, changer les couches des enfants, cuisiner ou passer la serpillère. Les caméras vont suivre ces femmes durant leur escapade et de l’autre côté leur mari en pleine galère et au bord de la crise de nerfs. Tout est réuni dans cette émission pour attirer le plus possible de téléspectateurs(trices) au Maroc et à l’étranger. Il y aura de l’humour, des larmes, des maladresses et des petites vengeances.
Bonne fête Mesdames !
Cependant, 2M n’a certainement pas choisi la meilleure façon pour rendre hommage à la femme marocaine. La raison : cette émission n’est pas une production marocaine mais du réchauffé, un pur copier-coller d’un concept qui existe déjà en France et dans d'autres pays du monde. En effet, 2M a acheté les droits de cette émission à la BBC. A l'origine, l'émission anglaise s'appelle «The Week the Women Went» et les droits ont été achetés notamment par la Belgique, l'Inde, la Suède ou le Canada. En France, l'émission s’appelle «Une semaine sans les femmes» diffusée par France 2. Elle avait d’ailleurs déjà diffusé deux épisodes de cette émission ces derniers mois. Le comble est que le premier épisode avait été diffusé le 8 mars, journée internationale de la femme et s’était déroulé en parti au Maroc, destination de vacances investie par les mères de famille françaises.
L’émission «une semaine sans les femmes» n’est pas la première à atterrir au Maroc. La dernière en date est Pékin Express jeu télévisé d’aventure sur la chaîne M6 depuis 2006. La chaîne 2M en avait racheté les droits. Hélas, le moins qu’on puisse dire c’est que les chaînes marocaines ne brillent pas en ce moment de créativité et d’originalité !
Manque de transparence
Selon Moulay Driss Jraïdi, spécialiste de l’audiovisuel, les grandes chaînes marocaines actuelles oublient les spécificités et la sensibilité de la société marocaine. S’il n’y a pas plus d’émissions marocaines dédiées à un public marocain c’est tout simplement à cause des difficultés des sociétés de production à proposer leurs idées aux chaînes marocaines. Moulay Driss Jraïdi dénonce une véritable mafia dans le secteur, un manque de transparence où dans certains cas, les sociétés de production iraient même jusqu’à payer des pots de vin pour que leur idée d’émission soit acceptée. «C’est pas sérieux ! Les chaînes de télévision préfèrent acheter des packages d’émissions tout prêt de l’étranger plutôt que de se fouler. En plus de cela, elles ne respectent pas leur cahier des charges. Il faudrait que la HACA (Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle) fasse respecter les quotas concernant la production d’émissions marocaines», estime Moulay Driss Jraïdi.
En attendant, ceux qui semblent profiter le plus de ces nouvelles émissions fraîchement importées sont les annonceurs de publicité. «La qualité laisse place aujourd’hui à la rentabilité et à la publicité», regrette-t-il.