L’affaire des 15 Marocains poursuivis pour harcèlement et violence à l’arme blanche a mis en lumière la gestion «désastreuse» du système de protection de mineurs en Catalogne. L’aveu a été formulé par la mairesse de Barcelone, Ada Colau lors d’une conférence de presse tenue lundi.
Plus tôt dans la journée, la police catalane a remis en liberté huit des quinze jeunes arrêtés dans la commune de Santa Coloma de Gramenet (Province de Barcelone) pour «agression sexuelle», rapporte 20 Minutos. Ces jeunes avaient suivi une femme à la sortie d’une station de métro à six heures du matin. Son compagnon, venu à son secours a été poignardé.
Appel à des mesures urgentes
Les arrestations qui ont débuté à la station de métro se sont poursuivis dans un appartement où étaient logés certains de ces jeunes. En réalité, ils squattaient un immeuble à l’abandon et en ruine, révèle l’agence de presse espagnole EFE. «Ils vivaient avec d'autres personnes d'origine marocaine dans une maison occupée près de la station de métro où l’agression a eu lieu», précise la même source.
Parmi les suspects, au moins deux d’entre eux sont encore mineurs. Pourtant, aucun n’était assigné à un centre pour mineurs et aucun ne bénéficait d’une quelconque aide. Dans la précipitation, la mairesse de Santa Coloma de Gramenet, Nuria Parlo a affirmé dans une déclaration officielle publiée lundi que «la présence de ces jeunes et de mineurs non accompagnés, qui circulent en Catalogne, en commettant différents crimes provoquent une insécurité dans les villes catalanes», rapporte le quotidien El Pais.
Plus loin, l’élue socialiste a demandé au gouvernement catalan de «traiter la question de manière globale et en tant que problème du pays», demandant également «des mesures urgentes» qui devrait, selon elle, s’accompagner d’un renforcement de l’effectif des Mossos d’Esquadra (force de police de la Catalogne).
L'absence de protection sociale
Cette déclaration s’est suivie d’un tollé de critiques, formulés entre autres par la mairesse de Barcelone, qui rectifie le tir en affirmant qu’«on parle d’enfants qui, dans de nombreux cas, sont venus [en Espagne] après un parcours difficile et ont besoin d’assistance pour avoir une seconde chance».
Partageant «les préoccupations de la ville», Ada Colau a insisté sur le fait que les mineurs non accompagnés «ne doivent pas être liés au crime et au vol».
Pour sa part, Georgina Oliva, secrétaire auprès du ministère de l’enfance, de l’adolescence et de la jeunesse au gouvernement catalan a reconnu que les deux mineurs marocains en question «n’étaient pas protégés par la direction générale de l’attention aux enfants et aux adolescents (DGAIA)». Si un autre des suspects bénéficiait bel et bien d’une protection il y a trois ans, aucun suivi n’a été effectué après son passage à l’âge adulte, admet-elle. Elle reconnait également que les services de la DGAIA «n’avaient aucune nouvelle de lui».
Par ailleurs, les tensions ont également débordé dans les rues de la ville. Des membres de l’ultradroite catalane ont investit la Plaza de la Vila. Mégaphone et cris xénophobes ont été immortalisés dans des vidéos, sur lesquelles on voit apparaitre Jordi de la Fuente, politologue et secrétaire de la formation d’extrême-droite Plate-forme pour la Catalogne (PxC). Poursuivant son discours xénophobes sur les réseaux sociaux, il a affirmé que «ces soi-disant mineurs non accompagnés qui violent et volent doivent être expulsés». Jordi de la Fuente a aussi déclaré «ne pas comprendre comment les politiciens prennent parti pour les agresseurs».
No nos asusta la verdad, ni defender a los vecinos que tienen MIEDO a decir lo que piensan: esos llamados MENAs magrebíes que violan y roban DEBEN SER EXPULSADOS DE NUESTRA CASA.
— de la Fuente (@JordidelaFuente) 13 novembre 2018
Los vecinos de #SantaColoma no pueden entender cómo los políticos se ponen de parte de los agresores. pic.twitter.com/dhHmS3lDWT