Le 12 octobre dernier à Addis-Abeba, l’ambassade de l’Egypte en Ethiopie organisait une réception à l’occasion du 45e anniversaire de la victoire du 6 octobre 1975. Une réception à laquelle les représentations diplomatiques de plusieurs pays africains ont été convoquées, dont celle du Maroc.
Mais ces festivités ne se seraient pas déroulées sans incident. En effet, il semblerait que l’ambassadrice du Maroc à Addis-Abeba, Nezha Alaoui M’hamdi, aurait alerté les autorités égyptiennes de la présence d’un élément du Front Polisario.
La réaction rapide de l’ambassadeur égyptien
Ce qui est sûr, c’est que cet incident a frôlé la crise diplomatique entre Rabat et Le Caire, avant que l’ambassadeur égyptien au Maroc ne fasse une sortie médiatique pour clarifier la situation. Cité mardi par le média égyptien Youm7, Ashraf Ibrahim a démenti l’information selon laquelle l’ambassade égyptienne à Addis-Abeba, ainsi que la représentation diplomatique égyptienne auprès de l’Union africaine, ont invité le Front Polisario aux festivités organisées le 12 octobre dernier. Il a affirmé que la représentation diplomatique de l’Egypte en Ethiopie «n’a pas invité le Polisario».
Le représentant de ce dernier se serait, toujours selon le diplomate, «infiltré dans la salle sans y être invité». «Sa présence n’a été remarquée qu’à la fin de la réception, compte tenu de la présence d’un nombre important de diplomates», poursuit Ashraf Ibrahim. L’occasion pour ce dernier de «renouveler» la position du Caire quant à la question du Sahara, en l’occurrence sa «non reconnaissance de la pseudo RASD».
De quoi mobiliser les médias pro-Polisario. Mercredi, le média Futuro Sahara a apporté une toute autre version de ce qui s’est passé vendredi à Addis-Abeba.
Le Polisario apporte une toute autre version
Citant une source «diplomatique bien informée», le média justifie l’incident par «le fait qu’un membre de la représentation diplomatique du Polisario à Addis-Abeba était présent dans le même hôtel où se tenaient les festivités». «L’ambassadrice du Maroc l’a donc aperçu lors de son passage vers la salle pensant qu’il y avait été invité», poursuit le média.
Futuro Sahara ajoute que «la décision du Maroc de se retirer de la rencontre – décision non confirmée par ailleurs – n’est basée sur aucune preuve». Il dénonce même un «chantage médiatique (de la part du Maroc, ndlr) pour décrocher une reconnaissance internationale au point de dénoncer la présence d’un diplomate sahraoui… sur un lieu public».
Il conclut en rappelant que le Maroc et le Front Polisario «participent ensemble à des festivités et des réceptions organisées à Addis-Abeba, le dernier étant la célébration de la fête nationale en Ethiopie».
Cet incident rappelle sans doute la réunion ministérielle de préparation du 7e sommet de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), organisée début octobre au Japon. Le Maroc avait en effet claqué la porte de cette rencontre en raison de la présence d’une «délégation du Polisario». Pourtant, en marge de la 74e session de l’Assemblée générale de l’ONU et même au lendemain d’une réunion de la TICAD organisée août 2017 à Maputo (Mozambique), le Japon avait promis que cet incident ne se reproduirait pas.