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Grand Angle

« Islam and the city », ou quand l'islam et l'Amérique s'expliquent

«Islam and the city» est une croisade contre les clichés qui gravitent autour de l’islam. Pour sa 6e édition, du 7 au 17 septembre, à Paris, le festival a choisi de parler du 11 septembre, un évènement qui a abimé l’image de l’islam dans l’imaginaire collectif occidental. Islam and the city veut essayer de réparer les dégats à coup de spectacles, performances, projections et expositions, avec humour et finesse. Des artistes marocains de la diaspora seront également de la partie.

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Photographie de Majida Khattari
Temps de lecture: 2'

Le nom du festival prête à sourire déjà : à lui seul, il brise un cliché, celui qui veut que l’islam soit une religion grave, austère. «Islam and the city» se veut «une manière de parler autrement du 11 septembre, de parler autrement d’islam, de parler autrement des Etats-Unis». A l’approche de la date des commémorations du 11 septembre, l’Institut des Cultures d’Islam en partenariat avec la ville de Paris et l’ambassade des Etats Unis en France sont bien décidés à rire de tout ça, le mettre en image, en parole et en musique. Pour cela, une palette d’artistes d’horizons, de disciplines et de nationalités diverses ont été mis sur le coup. Les Marocains sont présents en force.

Qui a dit que l’islam n’aimait pas le rire ?

«Allah made me funny» ou «Dieu m’a fait drôle» est la réponse de Preacher Moss, Mo Amer et Azhar Usman, trois humoristes américains. Leur show, basé sur l’autodérision, dépeint le quotidien de trois musulmans dans un pays globalement hostile à l’islam. Des rappeurs, tels que Hasan Salaam, ont, eux, choisi de répondre à d’autres questions pour «tordre le cou aux clichés sur le rap et l’islam». Hassan Hakmoun fera également claquer ses crotales pour l’occasion. Langage universel, la musique gnaoui invite à la transe, quand les mots deviennent superflus.

Qui a dit que l’art et l’islam n’étaient pas conciliables ?

«Il faut qu’on parle du religieux sans complexe», assure Majida Khattari, artiste plasticienne, native d’Erfoud dans le sud du Maroc. Celle qui est connue pour avoir fait défiler des femmes nues aux côtés d’autres femmes en burqa, pour ses peintures et ses photographies subversives ou encore son installation VIP : «Voile Islamique Parisien», assure que «la forme artistique est la meilleure [façon] pour évoluer et aider les gens à évoluer […] une façon de désacraliser et d’oser parler de religieux».

Invitée à l’Islam and the city, Majida Khattari présentera, jusqu’au 18 décembre, aux côtés d’autres artistes, son installation spéciale 11 septembre. Mounir Fatmi, installateur plasticien tangérois, remettra les tours jumelles sur pieds avec son installation «Save Manhattan» : une reconstitution de Manhattan en livres écrits sur les évènements du nine/eleven, les deux tours représentées par deux corans.

La franco-marocaine Yasmina Bouziane, spécialiste des questions du genre et de l’identité, exposera, quant à elle, des photographies sélectionnées dans sa série «Habitées par des images que nous n’avons pas choisies». Yasmina devait exposer cette série à New York un certain mois de septembre 2001, mais son exposition a été reportée suite aux attentats.

Islam and the city réunit donc les grosses pointures de l’art arabo-islamique pour conter cette Amérique des musulmans et faire la lumière sur le fâcheux, mais répandu, amalgame entre terrorisme et islam. L'«idée c’est de revenir à cet orient et qu’on porte [sur lui] un autre regard et pas un regard agressif», explique Majida Khattari.

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