Nouveau rebondissement dans le cadre du Huelva Gate. La semaine dernière, le nouveau secrétaire d'Etat aux migrations au nouveau gouvernement socialiste de Pedro Sánchez, José Alarcón s’est rendu à Huelva pour prendre connaissance du processus des campagnes agricoles. L’occasion pour lui de rencontrer les organisations patronales qui ont émis une série de critiques vis-à-vis du contrat qui les lient avec l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC).
Selon le média espagnol La Mar De Onuba, qui rapporte en exclusivité le contenu de mémorandum adressé par les agriculteurs espagnols au secrétaire d’Etat, l’ANAPEC serait «entièrement responsable pour les échecs et les problèmes qui se sont produits lors de la campagne de collecte de cette année», rapporte le média. Celui-ci cite aussi, comme résultat de l’échec, «les plaintes et les rapports de violations du contrat».
«Si certains ont admis lors de la réunion la nécessité de faire ‘’une certaine autocritique’’ du côté des entreprises, les autres organisations agricoles ont ouvertement blâmé le gouvernement marocain pour les échecs qui affectent ses hommes d'affaires, pour la sélection faite par l'ANAPEC. En ce sens, ils ont demandé au gouvernement espagnol plus de garanties pour les futures embauches et plus de contrôle sur l’ANAPEC dans les campagnes futures alors que d’autres ont appelé à ce que les contrats soient "redirigés" vers d'autres pays.»
La fuite en avant des agriculteurs espagnols
Des sources ont affirmé au média espagnol que le fait d’ouvrir la porte aux ressortissants des autres pays «signifierait une réduction significative des sujets marocains sous contrat, et cela pourrait être mal accueilli par le pays voisin et affecter les négociations toujours compliquées d'autres accords économiques entre le royaume et les autres pays de l'Union européenne».
Quant aux saisonnières marocaines victimes présumées d’agressions sexuelles, les producteurs qualifient le scandale de «controverse générée par des campagnes de dénigrement contre la production agricole à Huelva, orchestrée par des pays d'Europe centrale». Pour répondre aux accusations, ils évoquent le «manquement au devoir» et la «violation de l'engagement de quitter le pays». Selon eux, «jusqu'à un quart des saisonnières marocaines embauchées au début pour récolter des fraises ont quitté leur emploi et ne se seraient pas rendues dans leur pays une fois la campagne terminée». Les principaux producteurs de fraises à Huelva considèrent aussi que «le chiffre final peut atteindre jusqu'à 3 000 personnes», ce qui pourrait, selon eux, prendre une «dimension inquiétante». Deux syndicats, l’Union générale des travailleurs (UGT) et les Commissions ouvrières (CCOO), auraient également soutenu la demande des agriculteurs espagnols.
Mais La Mar de Onuba relate aussi les versions des ONG de droits de l’homme. Celles-ci estiment que les employeurs considèrent comme «abandon de travail» la situation de centaines de saisonnières «licenciées avant la date prévue dans leurs contrats, et qui ont refusé de revenir au Maroc avant l’expiration de leurs visas le 31 juillet prochain». Selon les associations, certaines femmes seraient restées pour pouvoir déposer des réclamations pour les pertes de salaire et les conditions de travail subies, notamment celles liées aux horaires de travail et aux conditions d'hébergement. Les ONG rappellent surtout que la majorité des saisonnières sont des femmes mariées et ne peuvent donc pas abandonner leurs enfants et leurs familles au Maroc.