Menu

Grand Angle

Boycott : 74 membres de la société civile publient un manifeste

Près de deux mois après le lancement de la campagne de boycott sur les réseaux sociaux, 74 membres de la société appellent à «répondre en profondeur aux attentes exprimées», dans une déclaration commune.

Publié
74 membres de la société civile publient un manifeste sur le boycott. DR
Temps de lecture: 2'

«Il est plus que temps de répondre en profondeur aux attentes exprimées par la campagne de boycott pour l’actualité et le devenir du pays, et de tirer les leçons du passé et de ce qui est en train d’advenir depuis huit semaines.» 74 associatifs, chercheurs, parlementaires et chefs d’entreprises ont signé aujourd’hui une déclaration commune appelant le gouvernement à tirer les véritables leçons de la campagne de boycott. Depuis le 20 juin dernier, un appel au boycott contre les marques Sidi Ali, Centrale Danone et Afriquia, lancé sur les réseaux sociaux, a rencontré un succès inattendu.

Parmi les 74 signataires, on compte Ahmed Assid, militant de la cause amazighe, Azzedine Akesbi, membre de Transparency Maroc, Driss Ksikes, intellectuel, Karim Tazi, directeur international de Richbond, Maati Monjib, historien et militant de gauche, Nabila Mounib, secrétaire générale du PSU, Najib Akesbi, agro-économiste et militant de gauche et Omar Belafrej, député du PSU.

Ensemble, ils font une interprétation politique de la campagne de boycott. «Elle exprime d’une manière collective les souffrances de larges pans de la société et présente en toute clarté et simplicité les causes de la colère populaire : baisse du pouvoir d’achat et montée des inégalités sociales, système de rente et de corruption, et misère des politiques sociales», estiment-ils. En cela, ils assimilent la campagne de boycott aux récents mouvements sociaux comme le Hirak d’Al Hoceima, les manifestations de la soif de Zagora ou le mouvement de Jerada, en début d’année.

«Sourde oreille»

Elle est, selon eux, la conséquence de l’érosion de la confiance depuis la «vague d’espoir suscitée par le Mouvement du 20 Février du fait des déceptions successives, dues en particulier à l’abandon des promesses de lutte contre la corruption et le système de rentes, à la dégradation des secteurs sociaux et au maintien en veilleuse des institutions de gouvernance».

Les auteurs du manifeste dénoncent successivement la «décrédibilisation des mass média» qui  a «intronisé les réseaux sociaux quasiment en unique arène d’un débat que les médias publics sont censés initier et promouvoir». Ils accusent les autorités de faire «la sourde oreille» pour «laisser le mouvement populaire s’essouffler, plutôt que de travailler à corriger les causes du malaise.» Ils pointent également du doigt le parlement qui «a trop tardé à présenter le rapport de la commission d’information des députés sur les prix de vente des carburants».

Les 74 signataires concluent avec la nécessité de réagir aux causes profondes du boycott. «Le sens des responsabilités nous commande à toutes et à tous de faire de cette crise l’occasion de corriger la situation et d’œuvrer à en sortir par le haut, en préconisant des actions immédiates et en indiquant les approches pertinentes et les initiatives requises pour le rétablissement de la confiance, prérequis à la réponse efficace aux revendications légitimes d’aujourd'hui et de demain», écrivent-ils, sans préciser nulle part de quelles actions il s’agit. L’analyse politique de la campagne de boycott elle-même répond pour eux.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com