En annonçant l’arrestation de 19 individus marocains dans le cadre d’un coup de filet dans les milieux du trafic de drogue, le Polisario se serait tiré une balle dans le pied. C’est ce qui ressort de l’analyse présentée dimanche par Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, l’ancien cadre du Front Polisario expulsé en 2010, sur sa page Facebook.
«Qui creuse le fossé pour un autre y tombera le premier. C’est ce qui arrive au Front Polisario ces derniers jours. Pour la première fois, le ministère de la Défense publie un communiqué pour annoncer l’arrestation de plusieurs personnes, dans une tentative du Front de créer un événement», estime-t-il.
«Alger a refusé que des Marocains soient détenus sur ses terres»
L’activiste, qui réside actuellement à Nouakchott, considère qu’«étant donné que les détenus accusés de trafic de drogue sont de nationalité marocaine, le Polisario pensait avoir mis la main sur un trésor qui lui aurait permis de s’attaquer à la réputation du Maroc à l’échelle internationale». «Le Front n’a pas pensé qu’il se mettait lui-même dans le pétrin», poursuit-il.
Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud rapporte également que «l’Algérie a ensuite refusé que des Marocains soient détenus sur ses terres, au moment où la Minurso a refusé d’intervenir puisqu’il s’agit de civils et qu’Interpol a décliné la demande du Polisario, arguant que les 19 Marocains ne sont pas recherchés». Pis, «les 19 personnes appartiennent à des tribus que le Polisario considère comme ses propres militants au sud du Maroc», enchaîne-t-il.
«Le Polisario a donc creusé un fossé pour le Maroc avant d’y tomber le premier. Il se retrouve seul et fera face, demain ou après-demain, aux familles des détenus ou encore aux organisations des droits de l’homme s’agissant de la protection des droits des détenus. Il faut savoir qu’il n’existe pas d’infrastructures pénitentiaires à l’est du mur des Sables, ni d’institutions judiciaires.»
Pour appuyer ses dires, Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud publie même une photo des 19 détenus, prise par le Polisario, qu’il considère comme «les prémices d’une violation des droits des détenus à Tindouf».
Le Front débouté par la Minurso et Interpol
Vendredi, le média Futuro Sahara, réputé proche du Front, a rapporté que le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Farhan Haq a «refusé de commenter l’arrestation, par l’armée sahraouie, des 19 individus de nationalité marocaine». Un refus qui intervient, selon le média, au lendemain du rejet d’une requête formulée par le Polisario auprès de la Minurso pour intervenir. «Une source officielle sahraouie a indiqué que la Minurso s’est désengagée de ses responsabilités dans ce dossier, même s’il s’agit d’une question qui menace l'accord de cessez-le-feu qu’elle est censée surveiller.»
Ce week-end, les dirigeants du camp Rabouni ont étudié l’éventualité de saisir Interpol sur les Marocains détenus. Une saisine qui ne serait plus une option, à en croire Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud.
Futuro Sahara indique aussi que les présumés trafiquants de drogue, de nationalité marocaine, seront présentés ce lundi ou mardi devant un «tribunal» à Mijek, «ville située à l’est du mur des Sables».
La semaine dernière, le Polisario a annoncé un coup de filet dans les milieux du trafic de drogue avec clairons et trompettes. L’arrestation des 19 trafiquants tombe toutefois à point nommé pour le Front, qui vit des dissensions internes violentes sur fond de contrôle de la contrebande et du trafic de drogue entre des gangs armés proches de Brahim Ghali et ceux fidèles à son adversaire, Mohamed Lamine Ould Bouhali.