A trois jours seulement du scrutin du 7 octobre, les partis politiques ont la détente facile à l’égard de leurs rivaux. Le parti historique de l’Istiqlal ne déroge pas à la règle puisqu’il se présente désormais comme un parti «salafiste modéré». «Le salafisme que défend le parti de l'Istiqlal est un salafisme nationaliste et modéré, créé par des dirigeants marocains comme Allal El Fassi », a indiqué le secrétaire général de la Balance, Hamid Chabat, dans une interview accordée à l’agence espagnole EFE.
A quelques jours de l’échéance électorale, la figure de proue de l’Istiqlal présente sa formation comme une «alternative pour gouverner le Maroc face à la polarisation entre le Parti de la justice et du développement (PJD) et le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM)». Ce dernier de renchérir : «L’Istiqlal est la véritable alternative. La presse a fait une erreur technique en se concentrant uniquement sur le PAM et le PJD».
«L’idéologie du parti est plus proche du Maroc parce qu'elle est fondée sur un patriotisme et un salafisme modéré», poursuit Hamid Chabat, 63 ans, à la tête du parti historique depuis 2013. Pour illustrer ses propos, l’ancien maire de la ville de Fès explique que sa formation a créé un Centre de recherche sur l'islam. Ce serait sur la base des conclusions des études menées au sein de ce centre que l’Istiqlal, fondé en 1943, aurait ensuite décidé de recruter des chikhs salafistes qui «rejettent la violence» et de les présenter comme candidats aux prochaines élections.
«Attahakoum» n'intervient que lorsque les élus «ne remplissent pas leur rôle»
«Ces salafistes sont recrutés pour servir la patrie et sauver les jeunes influencés par le djihadisme», argue Hamid Chabat, qui soutient d’ailleurs que, «contrairement au parti de l’Istiqlal, le PJD instrumentalise l’islam à la recherche réalisations politiques». La principale figure salafiste recrutée par l’Istiqlal présentée comme candidat n’est autre que Mohamed Abdelwahhab Rafiki, alias Abou Hafs. Ce dernier est un ancien détenu pour incitation au terrorisme, à la violence et à l’apostasie de la société marocaine.
L’Istiqlal et Hamid Chabat, initié à la politique au sein du syndicat du parti, l’Union nationale du travail au Maroc (UNMT), sont accusés de servir leurs propres intérêts, d'après EFE, la formation politique s’étant retirée de la coalition gouvernementale dès l’arrivée de l’ancien maire de Fès. Des accusations auxquelles s’oppose formellement Hamid Chabat. «Cette décision a été prise après qu’Abdelilah Benkirane a refusé de réviser sa politique afin de trouver un consensus avec les positions du parti de l’Istiqlal, en particulier dans le secteur économique», s’est défendu le secrétaire général de la Balance.
Bien que le parti d’Allal El Fassi partage avec le PJD sa défense des «valeurs traditionnelles et de la société islamique», Hamid Chabat n’hésite pas à critiquer le parti de la Lampe dans certains domaines, «économique et social» notamment, et son «manque de coordination». Il reste cependant sur la même longueur d’ondes avec le PJD sur l'une des problématiques les plus controversées, à savoir la réforme du Code pénal, qui criminalise l'homosexualité, les relations hors mariage et l'iftar public pendant le mois de Ramadan.
Quant à «attahakoum» (que certains traduisent comme «ingérence» ou «autoritarisme»), Hamid Chabat présente un tout autre argument. «Ces institutions (de l’Etat, ndlr) n'interviennent que lorsque les institutions élues ne remplissent pas leur rôle», commente-t-il. De quoi enrichir le vocabulaire et les définitions en rapport avec ce terme, utilisé pour la première fois par le chef du gouvernement...