«Mon fils, il n’a rien fait, quand je pense à lui je pleure». Le reportage débute par ces tristes mots de la mère d’Ali Aarass, Toucha Azahaf. Une femme en pleurs, désespérée, depuis l’arrestation de son fils. Après cette scène émouvante, le journaliste replonge dans la biographie du belgo-marocain, un parcours qui n'est pas de tout repos.
De Melilla à la Belgique
Ali Aarass a vu le jour en juin 1962, à Melilla, une terre natale où il ne remettra les pieds qu’en 2005. Après la séparation de leurs parents, Ali et sa sœur vont suivre leur mère en Belgique. Dans ce pays, Aaras s'essaie à plusieurs métiers : ouvrier, marchand et libraire. Après avoir obtenu la nationalité belge, il accomplit le service militaire pour sa deuxième patrie.
La vie d’Ali va connaitre par la suite de nombreuses péripéties. Premier écueil, son arrestation en 2006 par la police espagnole, à la demande du Maroc, à Melilla. Il est soupçonné de trafics d’armes et de connivence avec un groupe terroriste islamique. Ali ne passe que 4 jours sous les verrous avant d’être libéré sous caution.
Retour en prison en 2008
Le destin d’Aarass va définitivement basculer en 2008. Il est arrêté par la police espagnole, une seconde fois, à Melilla. Plusieurs chefs d’accusation sont portés contre lui : soutien financier lors des attentats de Casablanca en 2003, membre du réseau terroriste de Abdelkader Belliraj ou encore membre d’un mouvement des moudjahiddines du Maghreb depuis 1982. Cette dernière accusation, son père, Mustafa Aarass, la balaie d’un revers de main car : «en 1982, Ali Aarass était au service de l’armée belge, il ne pouvait pas donc se diviser en deux être à la fois en Belgique et au Maroc», précise-t-il.
Extradition vers le Maroc très contestée
Le 14 décembre 2010, le belgo-marocain a été extradé vers Maroc. Ses avocats ne comprennent pas cette décision. Ali Nayam, son avocat en Espagne, juge la décision du gouvernement espagnol étonnante après que : «la justice espagnole et particulièrement le juge Baltazar l’ait blanchit». Son autre avocat, Christophe Marchand, s’indigne du mutisme du gouvernement belge sur la question, dans la mesure où Ali a la citoyenneté belge. Pour lui, extrader son client au Maroc revient à le livrer à la torture : isolement sensoriel, torture blanche, viols, injection produits chimiques par des médecins …
Son extradition vers le Maroc serait intrinsèquement liée aux aveux d’Abdelkader Belliraj. Ce dernier, qualifié notamment de mercenaire et de terroriste, est emprisonné au Maroc depuis 2008. Il aurait cité le nom d’Ali Aarass avant son procès mais pour les avocats d’Ali, Belliraj a tenu ses propos sous la menace de tortures.
Ali Aarass est détenu à la prison de Salé depuis son extradition vers le Royaume, le 14 Décembre 2010. Cette dernière avait été condamnée par le Comité des droits de l’homme des Nations Unies. Ses parents, plus que jamais préoccupés par sa santé, demandent aux autorités belges de réagir. Aujourd’hui, ils n’ont qu’un seul souhait : voir leur fils sortir de cette «souffrance».