Hier, les chefs d’Etat du conseil de coopération du Golfe (CCG) ont déclaré le Hezbollah comme étant une organisation terroriste. La résolution, similaire à celle des Etats-Unis, ne fait aucune distinction entre l’aile politique et la branche armée du mouvement chiite. Le Maroc emboitera-t-il le pas à ses grands alliés du CCG ? Officiellement, rien n’a encore été décidé.
Néanmoins, Rabat a appuyé indirectement la décision prise par les monarchies du Golfe. Cela s’est produit hier soir à Tunis à l’occasion de la 33e session du conseil des ministres arabes de l’Intérieur. Chaki Draiss, le représentant du royaume à ladite réunion, n’a exprimé aucune réserve au communiqué final condamnant «les pratiques et les actes dangereux du Hezbollah terroriste pour déstabiliser la sécurité dans certains pays arabes». Seuls le Liban et l’Irak ont émis des réserves à la classification des disciples de Hassan Nasserallah sur la liste terroriste.
Le Hezbollah a ses relais au Maroc
Ce soutien devrait être suivi par l’adoption d’une batterie de mesures contre les membres présumés de la faction chiites déjà installés dans les autres pays arabes. Il est notamment prévu le gel de leurs avoirs bancaires, des interdictions de séjour et des peines d’emprisonnement contre les personnes qui maintiennent des contacts ou expriment leurs solidarité avec le Hezbollah sur les réseaux sociaux ou dans des déclarations à la presse. Jusqu’à présent les ministres arabes de l’Intérieur ont reporté l’annonce de telles sanctions.
Au Maroc, le Hezbollah est très populaire auprès d’acteurs politiques et associatifs panarabistes et islamistes, notamment très actifs dans les rangs d’ONG pro-Palestine et contre la normalisation avec Israël. Ils ont par exemple été nombreux à avoir fait un déplacement au Liban pour prendre part aux grandes festivités de l’organisation chiite commémorant sa guerre de l’été 2006 contre Israël. Ces visites se sont poursuivies jusqu’à 2008. L’année où les autorités avaient arrêté le correspondant de la chaîne Al Manar, propriété du Hezbollah, au royaume pour son implication dans le réseau Belliraj. Condamné à 20 ans de prison, Abdelhafid Essariti a pu retrouver la liberté le 14 avril 2011 en bénéficiant d’une grâce royale.
Mais il n’est pas exclu que le Maroc prenne une nouvelle fois une distance avec la décision des monarchies du Golfe de classer le Hezbollah comme organisation terroriste. Il réitérait ainsi la position prise lors de la crise irano-saoudienne. C’est cette même position qui a été à l’origine de la visite à Rabat du ministre irakien des Affaires étrangères, Ibrahim Al Jaâfari, un chiite.