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Grand Angle

France : Le verdict en faveur des cheminots marocains salué par les MRE

La condamnation de la SNCF en faveur des cheminots marocains ou d’origine marocaine a suscité beaucoup de réactions parmi les politiques, intellectuels et acteurs associatifs issus de la communauté marocaine. D’après eux, la justice a joué pleinement son rôle.

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A l’unanimité, la communauté d’origine marocaine en France acclame la condamnation de la SNCF dans les dossiers qui opposaient la compagnie nationale aux cheminots marocains (salariés et retraités). Ce lundi 21 septembre, le Conseil des Prud’hommes de Paris a reconnu la Société française des chemins de fer coupable de «discrimination dans l’exécution du contrat de travail» et «dans les droits à la retraite» envers 832 cheminots marocains. La SNCF devra leur verser des dommages et intérêts d’une fourchette de «150 000 à 230 000 euros» selon les dossiers.

«La fin d’une discrimination de plus de 15 ans»

«Ce verdict est juste et surtout il vient enfin stopper une discrimination depuis plus de 15 ans envers des cheminots marocains. Les droits à la retraite est un droit fondamental pour tout salarié et peu importe son origine ou sa nationalité», déclare d’entrée de jeu à Yabiladi Kamel Chibli, secrétaire national au Parti Socialiste (PS).

Il rappelle que ces retraités marocains ont travaillé pendant de nombreuses années sans jamais intégrer le statut des cheminots, restant au plus bas de l’échelle. «Il est inconcevable que ces employés embauchés en contractuels et en cdi de droit privé car n'étant pas européens soient discriminés», défend-t-il. «La justice a rendu la dignité à ces chibanis qui ont combattu pendant toute ces années pour avoir gain de cause. Et Je suis personnellement heureux de voir cette décision de justice car cela aurait pu arriver à mon père qui est de la même génération», confie l’homme politique.

«La justice a reconnu leur labeur à sa valeur réelle»

«Je dis souvent que l’histoire et les jeunes générations nous jugeront pour tout ce qui a été fait ou non pour faciliter la vie à leurs vieux parents : tous ces mineurs, tous ces travailleurs de l’agriculture et du bâtiment, tous ces cheminots et bien d’autres forces de travail consumées par les industries de ce pays [la France, ndlr]. Depuis bien des années, des manquements flagrants, des injustices subies ou des discriminations sont venues émailler la vie de ces vieux immigrés. Chaque fois qu’ils sont rétablis dans leurs droits, c’est d’abord leur labeur qui est reconnu à sa valeur réelle», déclare Omar Samaoli, Gérontologue vivant en région parisienne.

D’après lui, le sentiment de frustration des retraités marocains de la SNCF durant toutes ces années est des «plus insupportables». Et d’ajouter : «le vivre ensemble est nécessairement à l’articulation du droit et du droit d’abord et de la solidarité ensuite».

«Une victoire»

Dans le milieu associatif, les réactions sont toutes aussi fortes. «C’est une deuxième victoire pour les Chibanis après celle de l’AFPA en cassation il y a 3 mois. C’est un souffle d’espoir pour l’action que l’on mène au niveau de la distorsion de droit au niveau de la sécurité sociale et AFPA à l’égard de nos Chibanis», déclare Salem Fkire, président de Cap Sud MRE.

Au passage, ce responsable associatif «félicite les associations qui ont accompagné les retraités marocains dans cette bataille contre le SNCF et qui ont permis de leur rendre justice et dignité».

«Une reconnaissance et une crédibilisation des luttes»

La condamnation de la SNCF en faveur des retraités marocains «est une reconnaissance et une crédibilisation des luttes», affirme Boualam Azahoum de l’association Elghorba et du collectif Justice et Dignité pour les chibanis.

D’après ce chercheur sur les questions liées aux chibanis, la bataille acharnée et persévérante des cheminots marocains «montre la voie» aux autres retraités marocains qui subissent des discriminations. Il considère également le verdict des Prud’hommes comme «un précédant prometteur». Associé à la victoire en juillet dernier d'un chibani face à la Carsat [Caisse de l’assurance retraite et de la santé au travail ndlr] à Toulouse, cela a encouragé à la constitution d’un collectif en Rhône-Alpes, pour faire valoir les droits de plusieurs chibanis face à la Probtp [Protection sociale, prévoyance et assurance du BTP, ndlr]. «On réfléchit à une action du même genre contre les redressements et recouvrements injustes de la Carsat», confie M. Azahoum.

A présent, tous espèrent que la SNCF répondra à ce verdict en rendant aux 832 cheminots ce qui leur revient de droit. Le secrétaire national du PS, Kamel Chbili a tenu à ajouter à ce propos : «J'appelle la SNCF à respecter cette décision et demande à ce que cette entreprise publique rende la dignité à tous ces chibanis qui n'ont que trop attendu. D’ailleurs, la SNCF se grandirait en acceptant cette décision et en appliquant au plus vite l'indemnisation».

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