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Grand Angle

Melilla : Trois activistes nus devant la frontière pour dénoncer les expulsions à chaud vers le Maroc

Alors que l’Espagne a décidé depuis le 1er avril dernier d’autoriser les expulsions à chaud vers le Maroc, trois activistes ont manifesté, à leur manière, leur opposition à cette décision devant la barrière frontalière entre Melilla et le Maroc. Nus, ils ont dénoncé entre autres le manque de protection contre l'oppression et la barbarie exercée par l'Etat espagnol le long de la frontière.

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Photo: Carlos Cazurro

Trois activistes espagnols du groupe Pallasos Rebeldia ont manifesté ce lundi devant la frontière à Melilla pour dénoncer les expulsions à chaud de migrants vers le Maroc, récemment autorisées par l’Espagne. Les trois, deux hommes et une femme, habillés en tenue de clown ont tenté symboliquement de monter sur les grillages avant de descendre et se déshabiller devant la clôture frontalière, comme en témoignent les images publiées sur la page Facebook de Pallasos Rebeldia. Ce groupe est un espace international de solidarité et de fraternité entre les peuples qui s'exprime à travers le rire et l'art.

«Mur de la honte»

Pour eux, cette frontière séparant le Maroc de l’enclave espagnole est considérée comme «le mur de la honte». «Devant les murs de l’oppression, de la honte et du silence complice, toute l'humanité est nue», ont indiqué les trois artistes cités par la presse espagnole. Cette scène plutôt cocasse avait pour but de «montrer que l'ensemble de l'humanité, comme tous les gens qui tentent chaque jour de traverser ce mur de la honte, est embourbé dans l'itinérance et le manque de protection contre l'oppression et la barbarie exercée par l'Etat espagnol le long de la frontière», expliquent les activistes au sujet de leur action.

La nouvelle loi sous les feux des critiques

Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à dénoncer ces expulsions à chaud. Plusieurs avocats et juristes espagnols ont également publié un rapport dans le cadre d’un projet intitulé «R & D + i IUSMIGRANTE», indique Europa Press. Elaboré par 15 professeurs et des enseignants d'une douzaine d'universités espagnoles, ce rapport souligne que la simple inclusion de la notion du «refoulement à la frontière» dans la loi sur les étrangers ne donne aucune légalité aux «expulsions à chaud» des migrants irréguliers ayant réussi à passer la clôture frontalière.

«Le traitement à la frontière sud des étrangers peut nous rendre dignes comme personnes ou, au contraire, nous approcher de la barbarie», soulignent les juristes dans ce document intitulé «Refoulement à la frontière : une frontière sans droits ?». Selon les juristes «en créant des frontières sans droits, nous (l’Espagne) courons le risque de faire croître la barbarie en nous».

«L’expulsion à chaud des étrangers interceptés dans le périmètre frontalier de Ceuta et de Melilla par les forces de sécurité espagnoles pour les remettre aux autorités marocaines continue d'être radicalement illégale, même dans la nouvelle loi, qui exige clairement que l'on respecte la réglementation internationale sur les droits de l'Homme et la protection internationale que l'Espagne a adoptée», note-t-on dans le rapport.

L'Europe s'était déjà opposée aux expulsions à chaud

Pour rappel, le Conseil de l’Europe s’était récemment opposé aux expulsions des migrants sans papiers de Melilla vers le Maroc. Il avait appelé l’Espagne à «prendre les mesures nécessaires pour assurer que les Forces auxiliaires marocaines n’entrent pas sur le territoire espagnol et qu'aucun étranger ne leur soit livré» en raison du «risque de mauvais traitements».

De leur côté, les juristes exigent entre autres le respect des droits des migrants arrêtés à la frontière, l’assistance juridique, le droit à un interprète gratuit, l’identification, la délivrance de documents administratifs…; et demandent à l’Espagne de respecter les dispositions du Comité européen pour la prévention de la torture. 

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