Parmi les mesures visant à encourager l’implantation des entreprises nationales en Afrique, l’Etat a décidé de relever le plafond autorisé pour les investissements marocains en Afrique. «Le gouvernement prendra des mesures incitatives dans le cadre de son ouverture sur le marché africain par le relèvement de 30 à 100 millions de dirhams (MDH) du plafond des investissements marocains autorisés dans le continent», a indiqué jeudi, Salaheddine Mezouar. A noter que ces 100 millions concerneront uniquement les projets à réaliser en Afrique. Pour les autres pays, le plafond sera de 50 millions. Une manière d’inciter les entreprises déjà implantées à l’échelle continentale, d’accroitre leurs investissements et d'attirer aussi d’autres à tenter l’expérience hors du Maroc.
L’argentier du Royaume s’exprimait lors d'un point de presse suivi par la MAP, consacré à la présentation des grandes lignes du projet de loi de finances 2011. Selon lui, «200 MDH seront affectés par le Fonds de promotion des exportations au titre du projet de loi de finances 2011 pour inciter les opérateurs privés à renforcer leur présence sur le marché africain».
L’Afrique, un terrain déjà connu
Les premières implantations des firmes marocaines en Afrique datent de plus de 40 ans. Le groupe de Miloud Chaabi, Ynna Holding, fait parti des pionniers dans le domaine. Dès 1969, il s’est implanté en Libye dans les BTP. Pays que le holding a quitté pour la Tunisie (fabrication de tuyaux), où il est présent depuis 1984, et depuis 1996 en Egypte (fabrication de batteries de démarrage, immobilier résidentiel). Chaabi ira plus tard en Côte-d’Ivoire (industrie plastique) et en Guinée Conakry (immobilier).
A l’heure où la concurrence s’intensifiait sur les marchés du nord, ceux du sud connaissaient un essor. Ainsi, les entreprises nationales ont commencé à s'intéresser de plus en plus aux pays du sud du Sahara. En quelques années, les entreprises marocaines ont «envahi» l’Afrique, de la Mauritanie en Guinée Equatoriale, à travers la Société maghrébines de génie civil (SOAMGEC) en passant par le Sénégal, le Mali et la Côte-d’Ivoire.
A partir de l’année 2000, la filiale de l’ONA, Managem, spécialisée dans les mines et l’hydrométallurgie, a signé de nombreux partenariats pour l'extraction d’or et de cobalt, au Congo et au Gabon. Managem est également présente au Burkina Faso, en Guinée et au Niger. A la fin de la même année, Royal Air Maroc (RAM) s’est allié à l’Etat sénégalais pour créer Air Sénégal International (ASI), détenu à 51% par la compagnie nationale et à 49% par le Sénégal. Ce partenariat a été rompu courant 2009, la RAM s’est retirée du deal et ASI a disparu.
L’intérêt des entreprises marocaines pour le marché africain s’est confirmé davantage avec la prise de 51% de Mauritel par Maroc Telecom en Mauritanie en 2001. Six ans plus tard, l’opérateur historique mettra aussi un pied au Burkina Faso, en s’adjugeant 51% de l’Office national des télécommunications (ONATEL) et au Gabon avec 51% de Gabon Telecom.
Afrique de l'ouest, nouvel eldorado pour les entreprises marocaines
Le poids des entreprises marocaines dans cette région est important. Attijariwafa Bank seule détient la 2e banque du Mali, Banque internationale pour le Mali (BIM SA), la Compagnie Bancaire de l’Afrique Occidentale (CBAO) et le Crédit du Sénégal, ainsi que la Société ivoirienne de banque (SIB). De même, la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE) s’est installée au Sénégal, à travers BMCE Capital. Elle est aussi au Mali, avec 27,38% de la Banque de Développement du Mali (BDM). Le groupe Banques populaires a mis un pied en Guinée Conakry. En dehors des banques, l'Office national de l'électricité (ONE) a décroché un projet d'électrification durant 25 ans des zones rurales au nord du Sénégal. Dans le domaine des travaux pratiques, Optorg faisant parti du groupe ONA, spécialisée dans la distribution d'engins, véhicules industriels et automobiles, a ouvert une filiale en Côte-d’Ivoire.
Beaucoup d’entreprises marocaines ont réussi à s’implanter sur le marché africain, et avec succès. Elles sont appelées à s’intéresser davantage au continent. Entre 2003 et 2009, les investissements des entreprises et banques marocaines en Afrique ont dépassé 12 milliards de dirhams. Ce chiffre devrait croitre rapidement dans les années à venir.