Lors d’une conférence de presse à Alger, le «chef de la diplomatie» du Polisario a affirmé à l’AFP que Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, arrêté le 21 septembre dernier, restera «sous surveillance» jusqu'à sa libération. Il a ajouté que le Polisario est «actuellement en contact avec le Haut commissariat pour les refugiés (HCR) pour savoir où il veut se rendre». On se demande pourquoi le Front Polisario se cache maintenant derrière le HCR dans cette affaire ?
Depuis sa conférence de presse historique du 9 août à Smara, Mustapha Salma a toujours clamé vouloir retourner à Tindouf pour sensibiliser les populations sahraouis au projet d’autonomie proposé par le Maroc. Il avait affirmé le 19 septembre, «je ne suis ni Marocain ni Algérien, mais un Sahraoui indépendant qui réclame le droit de défendre une opinion personnelle. L’indépendance n’est pas une solution réaliste. Si je défends l’autonomie, c’est pour le bien de mon peuple et l’avenir de mes enfants.». Les désirs de Mustapha Salma étaient donc très clairement exprimés. Etant un Sahraoui, et sa famille restée à Tindouf, il voulait non seulement la rejoindre dans les camps, mais aussi y exprimer ses idées.
Le «traitre» devenu «déserteur» aurait perdu son statut de réfugié
Lundi 18 octobre, au cours de ladite conférence de presse, Mohamed Salem Ould Salek a précisé selon l’agence de presse EFE, que l’ex-inspecteur de police a été arrêté non pas pour ses opinions, mais parce qu'il «a violé le règlement et déserté la police». Or, à l’issue du point de presse de Smara, Mustapha Salma a été considéré comme un «traitre» par la direction du Polisario. Brahim Ghali en personne, le représentant du Front à Alger, a confirmé à l’AFP que Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud a – bien – été arrêté pour «espionnage au profit du Maroc». D'ailleurs dans sa dépêche sur la conférence de presse d’Alger, EFE ne s'y trompe pas en évoquant «la trahison et l'espionnage» comme motifs de l’arrestation de Mustapha Salma.
Enfin pour finir, Mohamed Salem Ould Salek, a affirmé que Mustapha Salma a perdu son «statut de refugié en Algérie» et n'est désormais plus reconnu comme policier sahraoui mais comme «un agent marocain». Voilà une affirmation qui interpelle.
Comment le Polisario peut-il choisir le statut de refugié d’une personne qui l’était déjà depuis trois décennies ? Comment peut-il décider à la place du HCR qui est pour l'instant seul habilité à statuer sur le statut de réfugié ? Sur le site du HCR on peut lire à ce propos que l'Algérie ne peut déterminer ce statut, car elle n'a pas encore mis en place de système d'asile global.
Qui le Polisario représente-t-il ?
Une autre question se pose, outre ce dépassement de compétences. Le Polisario a toujours scandé être le représentant de tous les Sahraouis et d'être leur seule voix légitime. Pourquoi par la voie de Salem Ould Salek, déciderait-il d’excommunier un Sahraoui qui pense différemment ?
Cette ambivalence du Polisario montre clairement que la différence entre Sahraoui et Marocain est très ténue. Pour le Polisario, elle semblerait être plus politique qu'ethnique. Il suffit d’une simple déclaration pour passer de l’un à un autre. Le Polisario apparaît ici clairement comme un usurpateur de la cause sahraoui.