Et si un immigré turc, hollandais, polonais ou marocain était obligé à s’exprimer en allemand en Allemagne ? La question mérite d’être posée puisque l’Union chrétienne-sociale (CSU), alliée de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) d’Angela Merkel, veut imposer aux étrangers de parler allemand, même lorsqu’ils se trouvent en famille. La CSU, rapporte Le Monde, a en effet présenté cette résolution samedi dernier dans un texte de politique générale qui doit être adopté aujourd’hui par les dirigeants du parti. Selon cette proposition, «ceux qui souhaitent rester ici (Allemagne) durablement devraient être obligés de parler allemand en public et au sein de leur famille».
Mais si le cadre public ne suscite pas autant l’indignation, l’obligation de parler allemand, même en famille, pose réellement problème au niveau des politiques. D’ailleurs, au sein même de la CDU, le texte a été vivement critiqué. «Je trouve que ce n'est pas à la politique de dire si je dois parler chez moi latin, klingon ou hessois», a réagit le secrétaire général Peter Tauber, sur Twitter. «Ce serait à mourir de rire si ce n'était pas également très dangereux», peste de son côté la secrétaire générale du parti social-démocrate, Yasmin Fahimi, née d'une mère allemande et d'un père iranien.
«Absurdistan» !
Selon cette dernière qui dénonce cette proposition sur un ton humoristique, la CSU est tombée en «Absurdistan». Mais l’explication de ce texte demeure étrange. En Bavière, la population parle un allemand bien différent et parfois même peu compréhensible dans le reste de l'Allemagne. La proposition a donc de quoi déranger puisque la CSU s’était déjà exprimée sur le fait que les étrangers profiteraient du système social allemand. Ce qui n’a jamais été démontré.
En Europe, un autre pays s’était déjà illustré sur cette question il y a plus de dix ans. Une proposition de loi similaire avait été émise en 2004 en France. Le Collectif d’associations pour le droit à la langue avait, à l’époque, réussi à obtenir 1326 signatures afin de mettre fin «aux difficultés rencontrées par les populations non francophones pour vivre en France» lorsqu'elles ne maintrisent pas la langue de leur pays d’accueil. Une proposition de loi, vite enterrée suite à la levé de bouclier de plusieurs associations.