Après une accalmie de quelques semaines sur le dossier des relations maroco-algériennes, voilà que le vice-ministre de la Défense est l'auteur d'une déclaration fracassante. Ahmed Gaid Salah, 74 ans, qui occupe également la fonction de chef des armées, dans le cadre d’une visite d’inspection à Béchar a appelé ses troupes à redoubler de vigilance tout au long des frontières ouest avec le royaume. Mieux encore, le vieux militaire a souligné dans un discours que «l’armée ne permettra pas à des étrangers de semer le désordre en Algérie», indique le quotidien El Khabar.
«Un message codé au Maroc»
Certains supports de la presse algérienne ont cru déceler dans les propos de Salah un message codé destiné à la partie marocaine. C’est le cas du journal L’Expression, porte-voix du parti RND (Rassemblement nationale démocratique, pro-Bouteflika) qui estime que la déclaration de Salah intervient seulement trois jours après les événements de Touggourt, relevant du territoire de la wilaya de Ouargla, de vendredi dernier. Un bilan provisoire officiel fait état, d’ailleurs, du décès de 2 manifestants et 39 blessés dans des affrontements entre jeunes et forces de l’ordre.
Le quotidien conclut sur la base de «sources très crédibles» que «la main du Makhzen dans ce qui s'est passé à Ghardaïa et de ce qui se passe aujourd'hui à Ouargla n'est pas à écarter».
Ce message épargnera-il à son auteur la marginalisation ?
Salah a estimé, dans son allocution, que les éléments de l’ANP devraient prendre des dispositions à même de répondre au déploiement des FAR, notamment avec la construction de la barrière électronique et la construction de nouveaux points de surveillances sur le même tracé. Le militaire a saisi l'occasion pour ordonner à ses soldats de lutter, efficacement, contre le trafic de drogue, toujours en provenance du Maroc, selon ses dires.
Reste à savoir comment ces accusations portées contre le Maroc seront appréciées par l’homme fort du pays : Said Bouteflika. Le petit frère du président malade qui prépare depuis la première hospitalisation de Abdelaziz à Paris en 2005, son accession officielle au pouvoir, préfère un autre général. En effet, l’actuel chef de la police Abdelghani Hamel, un militaire de carrière, est pressenti pour succéder à Salah à la tête de l’armée.
C'est ce contexte qui pourrait expliquer les attaques de Salah contre le Maroc et contre l'opposition qui appelle à l'organisation d'élections anticipées à cause de la maladie du président.