En plein escalade diplomatique entre Rabat et l’Algérie, le dossier des 350 mille Marocains expulsés d’Algérie, en décembre 1975, refait surface. Une association qui revendique la défense des victimes a annoncé son intention de saisir la Cour pénale internationale basée à La Haye aux Pays-Bas. L’ONG en question compte porter plainte contre l’Etat algérien pour «crime contre l’humanité».
Le Maroc n’assume pas ses responsabilités
L’association ne se contente pas de dénoncer les autorités du voisin de l’Est. Elle critique également le silence du Maroc. Il faut dire que trente-neuf ans après les événements du 18 décembre 1975, le dossier n’a pas connu la moindre évolution. A l’époque, plusieurs milliers de familles avaient été contraintes, du jour au lendemain, d’abandonner leurs biens en Algérie sans le moindre dédommagement. Ces expulsions avaient été précédées par le recensement et l’identification des ressortissants marocains, initiée juste après le discours du roi Hassan II du 16 octobre 1975 annonçant le lancement de la Marche verte.
Depuis, le drame des 45 mille familles a été, fortement, éclipsé par d’autres désaccords avec le pays voisin, et notamment le dossier Sahara occidental et la fermeture des frontières terrestres. Du coup l’affaire des expulsés est rarement évoquée par les responsables marocains. Et lorsqu’ils l’abordent, ils ne font que renvoyer la balle dans le camp de l’autre partie. Preuve en est la dernière intervention de la n°2 de la diplomatie, Mme Barka Bouaida, mi-juillet, devant la Chambre des représentants. Comme ses prédécesseurs, la ministre a rappelé la paralysie de la commission créée en 2003 en vue d’examiner ce dossier.
Des annonces non accompagnées d’actes
Pour éviter que cette affaire ne tombe aux oubliettes, des associations font, de temps à autres, des sorties médiatiques au niveau national ou, quand elles ont les moyens financiers, à l’étranger. Elles tentent ainsi de remuer un petit peu les eaux stagnantes, mais cela ne va guère plus loin. Et l’initiative de saisir le tribunal de La Haye s’inscrit dans ce cadre-là.
Cela n’est d’ailleurs pas la première annonce de ce genre. Une autre ONG qui défend la cause des expulsés d’Algérie avait menacé de déposé une plainte devant l’Audience Nationale de Madrid contre le président Abdelaziz Bouteflika et son ancien ministre de l'Intérieur Dahou Ould Kablia. Au moment de l’expulsion des Marocains en 1975, ils occupaient respectivement les fonctions de ministre des Affaires étrangères et gouverneur d’Oran.