Selon le directeur général des éditions Salam, Ahmad Milad Karimi, un million d'enfants et de jeunes reçoivent une éducation musulmane en Allemagne sans pouvoir retrouver les éléments centraux et les questions que se posent les jeunes dans des livres jeunesse. Pour avoir des réponses à des questions telles que «Qui était Mohamed ? Qu'est-ce le Coran ? Pourquoi je fais mes prières ? Pourquoi les musulmans ne boivent-ils pas d'alcool ?», les jeunes musulmans n'ont souvent comme seul référent les parents. A travers les éditions Salam, lL'éditeur veut en créer d'autres, en proposant des réponses plurielles, indépendantes, et qui font découvrir aux jeunes l'Islam dans sa diversité.
Karimi, philosophe, poète, dessinateur et auteur d'une traduction allemande du Coran, est né à Kabul, d'où sa famille a fui quand il avait 12 ans. Il a ensuite grandi en Allemagne. En phase finale d'un thèse de doctorat sur la philosophie de Hegel, il est actuellement installé à Fribourg en Brisgau, où il est devenu directeur général des éditions Salam, fondées en 2009 par Andreas Hodeige, PDG de la maison Rombach. Comme le rapporte le quotidien Badische Zeitung, Karimi considère que son travail sera de démontrer que «l'Islam a un grand cœur», assez grand pour contredire les affirmations selon lesquelles l'Islam et la société occidentale seraient incompatibles.
Un premier pas devra être franchi cet automne, où les 5 premiers ouvrages jeunesse devraient être présentés au célèbre salon du livre à Francfort. Parmi eux se trouvera éventuellement le premier prix d'un concours d'écriture lancé par l'éditeur sur le thème de «qui était Mohamed» ? Des auteurs de toute l'Allemagne avaient jusqu'au 1er juillet pour soumettre leurs récits axés sur un public jeune, et le meilleur sera publié par les éditions Salam.
Un autre moyen de mettre en avant et œuvrer pour l'ouverture de l'Islam en Allemagne sera la publication d'ouvrages bilingues, en Arabe et en Allemand. Cela devra aider à surmonter les incompréhensions qui peuvent être liées à la langue, même entre parents (arabophones ou autre) et enfants (germanophones). Incompréhensions que les éditions tentent de minimiser en se basant un deuxième volet du travail éditorial sur les livres d'apprentissage des principales langues de l'Islam : l'Arabe, le Turc, le Persan, l'Urdu et l'Indonésien. L'apprentissage de ces langues n'est pas assez valorisée en Allemagne, mais serait important, surtout pour les enfants dont ce sont les langues d'origine, pour profiter de l'interaction culturelle existante sur le sol allemand.
En proposant ce deuxième pilier, Karimi entend aussi se démarquer des organisations islamiques existantes en Allemagne. Il veut proposer des livres et, par là, un enseignement indépendant des différents courants de l'Islam en Allemagne. Et pourquoi pas éditer les livres scolaires, quand l'Islam deviendra matière à part entière dans les lycées allemands?