A l’image de la Belgique, la classe politique française est unanime au sujet de la proscription du port du voile intégral. Mais ce sont les voies pour y parvenir et les formes d’application d’une loi l’interdisant, qui divisent en France. Hier, les députés ont à l’unanimité des votants, adopté la proposition de résolution de l’UMP. Les parlementaires communistes (à l’exception d’André Gérin, qui avait présidé la mission d'information sur le port du voile intégral), ceux du Front de gauche ainsi que les Verts, ont refusé de participer au vote.
"Nous ne participerons pas à ce vote mascarade. Vous n'obtiendrez pas de nous un consensus qui vaudrait pour le projet de loi gouvernemental qui suivra", a déclaré à l’AFP, le député PCF Alain Bocquet. "Votre proposition de résolution, loin de lutter contre l'enfermement des femmes et le respect de leurs droits, est un pas supplémentaire vers la diversion et la division", a ajouté le député de la 20e Circonscription du Nord, qui s’exprimait au nom de son groupe.
Le texte adopté proclame notamment que "les pratiques radicales attentatoires à la dignité et à l'égalité entre les hommes et les femmes, parmi lesquelles le port d'un voile intégral, sont contraires aux valeurs de la République".
Les Socialistes s’étaient engagés à voter la résolution, et l’ont fait. Pour autant, ils ne sont pas sur la même longueur d’onde que la droite. Le PS est, en effet, toujours opposé à l’interdiction du voile sur l'ensemble de l'espace public ; qui "pourrait faire l'objet d'une condamnation par la Cour européenne des droits de l'homme". Ainsi, il souhaite une interdiction limitée "aux services publics et lieux sensibles", notamment certains "commerces particulièrement exposés". Pour arriver à leurs fins, le groupe socialiste a dévoilé le jour même du vote, un contre-projet de loi, alternative à celle de l’UMP. Les Socialistes veulent notamment "une sanction proportionnée, utile et pédagogique" ainsi qu’une "une médiation sociale pour la femme portant le voile intégral". En cas de refus de la médiation, "une amende de 300 euros serait prononcée", envisage le groupe socialiste, contre 150 euros pour le texte gouvernemental.
Le projet de loi gouvernemental sera examiné en Conseil des ministres le 19 mai. Si un consensus a été trouvé pour que la résolution soit adoptée, le cas de la loi elle-même risque de connaître un passage difficile. La question du port du voile intégral crée des dissensions au sein même des formations politiques.