Face aux dangers des cigarettes électroniques, le ministère de la Santé et le reste du gouvernement Benkirane ne jouent pas la même partition. Le département d’El Ouardi a tenu à prendre ses distances avec le silence de l’exécutif. Il vient de prendre les devants en publiant, hier, un communiqué mettant en garde les Marocains contre l'utilisation de ce nouveau produit.
Le même jour à la Chambre des conseillers, le groupe socialiste (opposition), lui offre une tribune publique pour exprimer tout le mal qu’il pense d’un appareil qui commence à bousculer les smartphones, les produits de lessive et les prêts bancaires sur les panneaux d’affichage qui trônent dans les principales avenues du pays.
Le ministre s’arme d’un rapport de l’OMS
Connaissant parfaitement, le terrain miné qu'il s’apprête à fouler, le ministre s’est armé d’un rapport de l’OMS pour atténuer les attaques du puissant lobby de la vapoteuse au Maroc. Contrairement à une idée très répandue par les fabricants, le ministre a annoncé devant les conseillers que «l’OMS n'a jamais considéré les cigarettes électroniques comme moyen d’aide au sevrage tabagique, et ne dispose pas de preuves scientifiques permettant de confirmer l'innocuité et l'efficacité du produit».
C’est d’ailleurs l’une des principales conclusions d’un rapport élaboré par les experts de l’Organisation mondiale de la santé sur ce nouveau produit. Et d’ajouter que «la cigarette électronique reste un produit contenant de la nicotine et est susceptible d’entraîner une dépendance. Il existe, en plus, un risque très élevé d’initiation au geste de fumer, surtout parmi les populations jeunes et les femmes».
Trois observations de l’OMS qui sautent du communiqué de la tutelle
Dans la phase du commentaire, le ministre de la Santé s’est débarrassé de sa prudence pour asséner des coups aux promoteurs de la vapoteuse. Encore une fois, il recourt à une note de l’OMS datant de juillet dernier. L’organisation assure que même si «les fabricants affirment que les cartouches contiennent généralement entre 6 et 24 mg de nicotine, (...) elles peuvent parfois en contenir plus de 100 mg». Elle pointe également du doigt la forte concentration de propylène glycol, réputé «pour être irritant lorsqu'il est inhalé» et «les produits chimiques utilisés dans les cigarettes électroniques n'ont pas été totalement communiqués et il n'y a pas de données sur leur émission». Bizarrement ces trois observations de l’OMS ne figurent pas sur le communiqué du ministère de la Santé.