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Grand Angle  

La Marche : Le film accusé de déformer l'histoire, le réalisateur répond à Julien Dray depuis le Maroc

Julien Dray, député PS et un des fondateurs du mouvement SOS Racisme, n’est pas d’accord avec la vision du réalisateur Nabil Ben Yadir sur «la Marche pour l’égalité et contre le racisme» de 1983. Il accuse le film de détourner l’histoire en occultant, notamment, certains personnages clés de son succès. Le réalisateur belgo-marocain répond depuis Casablanca.

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«La Marche», le film du réalisateur belge Nabil Ben Yadir, qui raconte l’histoire de la célèbre «Marche pour l’égalité et contre le racisme» de 1983, n'a pas plu pas à Julien Dray. Le député du Parti socialiste, également vice-président en charge de la culture au Conseil régional de l’Ile-de-France, mais surtout l’un des fondateurs en 1984 de l’association SOS Racisme, accuse, en effet, le film de détournement de la réalité au profit de la fiction.

Dans un entretien accordé au journal Le Monde, publié samedi 30 novembre, Julien Dray estime qu’il se «doit de faire quelques rappels historiques» sur cette marche, qui célèbre cette année son 30e anniversaire.

Des volets occultés dans le film ?

Pour le responsable socialiste, le scenario du film ne mentionne d’abord pas quelques personnages clés du succès de cette manifestation. «Premièrement, dans le succès de la Marche, en 1983, deux personnes ont beaucoup compté : Georgina Dufoix, alors ministre des Affaires sociales, et Françoise Gaspard, qui avait été maire de Dreux», souligne Julien Dray.

«Ce sont elles qui vont jouer le rôle d'agent mobilisateur et de relais à Paris. Au point que François Mitterrand dira un jour à Georgina Dufoix qu'elle ne peut pas passer tout son temps à cela et qu'elle est aussi ministre de la République. Donc, si le mouvement de la Marche est spontané et généreux, il ne s'est toutefois pas développé sans relais politique», poursuit-il.

Le député reproche également au film de ne pas avoir abordé le rôle des militants de gauche dans la mobilisation comme il se doit. «Dans le succès de la manifestation, il y a certes une présence des milieux associatifs de banlieue, mais il y a surtout une forte présence de militants de gauche désemparés par les désillusions de l'après-1981 et qui s'inquiètent des premières percées du Front national. Cette présence, cet engagement, ne se fait pas dans une volonté de récupération, elle est d'abord nourrie par la générosité des militants de gauche», explique-t-il.

Et d’ajouter : «Troisièmement, on ne peut pas dire que la Marche n'a servi à rien. C'est oublier l'obtention de la carte de séjour de dix ans, la reconnaissance des associations et, qu'on le veuille ou non, une prise de conscience d'une vérité qu'on voulait occulter».

Le réalisateur ne veut pas rentrer dans la polémique

Interrogé sur la polémique ayant suivi ces déclarations, Nabil Ben Yadir n’a pas souhaité riposter, ou presque, au socialiste. «Est-ce que Julien Dray a déjà dit que l’histoire appartenait aux Minguettes et que cette première association qui s’appelait SOS Avenir Minguettes …», a d’abord lancé le Belge, à l’issue de la projection de son film, lundi soir à Casablanca, avant de marquer une pause pour se reprendre.

«C’est des gens qui rentrent dans la polémique, moi je ne rentre pas dans la polémique, je laisse la polémique aux gens pour qui c’est le métier», a-t-il déclaré par la suite. En effet, les critiques de Julien Dray tombent à l'eau quand dans le film, le lancement de la marche se fait avec la présence de l'ex-maire de Dreux, alors que le rassemblement de fin, près de la Gare Montparnasse sera animé par Georgina Dufoix. 

Son film, sorti en salles le 27 novembre dernier, retrace l’histoire de cette manifestation antiraciste, initiée le 15 octobre 1983 par un certain Toumi Djaïdja, président de l’association SOS Avenir Minguettes, du nom de la banlieue lyonnaise située à Vénissieux. A l’époque, l’homme, qui était encore âgé de 21 ans, réussit à convaincre une vingtaine de personnes de marcher avec lui près de 1000 kilomètres en France, de Marseille jusqu’à Paris, en signe de protestation contre le racisme.

«La Marche des Beurs», comme les médias la surnomment, prendra finalement fin le 3 décembre de la même année, à Paris, avec une mobilisation de près de 100 000 personnes. L'association SOS Racisme verra le jour un an après, sous l'impulsion de Julien Dray et Harlem Désir. 

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