C’est une image qui risque d’alimenter les débats en Belgique. Après des mois sans aucune nouvelle, le jeune prédicateur salafiste d’origine marocaine Iliass Azouaj avait refait surface, début novembre, via Facebook. Dans une vidéo, Azouaj qui était masqué demandait à ses frères moudjahidines de combattre le régime de Bachar Al Assad. Si ses appels au combat avaient inquiété les autorités belges, c’est une photo prise lors d’un événement où le prédicateur figure au côté du ministre de l’Intérieur belge, Joëlle Milquet, qui suscite à nouveau la controverse depuis quelques jours, comme le rapporte de Het Laatste Nieuws ce vendredi.
«Madame Joëlle #Milquet (Ministre de l’intérieur) au coté du djihadiste #Azaouaj Iliass à Bruxelles. A retweeter», a posté l’imam sur son compte Twitter en accompagnement de la photo. Un énième acte de provocation pour celui qui est habitué ces derniers temps à attirer l’attention et à soulever la polémique. Ses autres actes de provocation remontent à août dernier, lorsqu’il avait brandi son appartenance à Al-Qaïda. D’après Sud info, il avait même menacé les usagers des transports collectifs. «Ne prenez pas le train ou le tram, cela peut changer votre vie», avait-il posté sur le web.
Madame Joelle #Milquet (Ministre de l’intérieur) au coté du djihadiste #Azaouaj Iliass à Bruxelles. A retweeter. pic.twitter.com/15wTecu8aL
— Azaouaj Iliass (@Azaouaj_Iliass) 16 Septembre 2013
La ministre de l’Intérieur sort de ses gonds, elle n’aurait pas reconnu Azouaj
Tout ce qu’on peut dire est que cette photo largement partagée sur le net, au delà d’éveiller les soupçons est très gênante pour Joëlle Milquet. La ministre est vraiment sortie de ses gonds dans un communiqué, indiquant qu’elle est très «étonnée par les commentaires» autour de cette photo. Certains vont de leurs commentaires accusant les hommes politiques occidentaux d’être proches des terroristes et de leur viennent en soutien. Et ces interprétations fragilisent leur position. «Il est inacceptable d'aller en déduire un quelconque lien avec qui que ce soit, surtout, à l’égard d'une ministre qui lutte avec une fermeté connue contre le radicalisme», a rappelé Milquet.
A en croire Milquet, elle ne savait pas que celui qui se tenait à ses côtés. «La photo a été prise à un événement où il y a des centaines de personnes», s’est-elle défendue. «Je ne savais pas qui c’était à l’époque. Je peux difficilement demander une carte d’identité à tout le monde», a-t-elle martelé avant de tirer à boulets rouges sur ceux qui pensent qu’elle est proche d’Azouaj. «Les journalistes, les artistes, les footballeurs et autres personnalités publiques, qui sont pris en photos également chaque jour avec des inconnus, en deviennent-ils pour autant leurs supporters ?», s’interroge-t-elle. Elle va jusqu’à fustiger ceux qui émettent des conclusions hâtives : «…pourquoi tirer des conclusions erronées, lorsqu’il s’agit de responsables politiques, et publier -comme ayant une signification- ce genre de photos sans contenu ?».
Interdiction de prendre en photos des personnalités avec leur smartphone ?
Le chef du département de l’Intérieur n’en reste pas là. Elle a visiblement du mal à admettre que son image soit associée à celle d’extrémistes sur la toile. Pour elle, afin d’éviter ce genre de confusion, il faudrait protéger plus les personnalités en interdisant peut-être les photos avec des inconnus lors des événements. «Pour le reste, faut-il interdire aux citoyens de prendre des personnalités connues en photo avec leur smartphone comme ils le font tout le temps ? Ou aux politiques et personnes connues d’accéder à leurs demandes positives ?», s’interroge-t-elle.
Ce qui est sûr est que la nouvelle apparition d’Illias Azouaj va quelque peu secoué le milieu politique. L’homme avait été arrêté en Syrie par un groupe djihadiste. Il avait fait une apparition sur le net avant d’être identifié par les services de lutte antiterroriste. Depuis quelques jours il multiplie les actes de provocations sur la toile au grand dam des politiques.