Depuis le début de l’année 2013, la police espagnole s’est lancée dans une vaste opération pour démanteler un réseau de prostitution qui sévit en Espagne et dans d’autres pays européens. Selon des sources espagnoles, c’est seulement hier qu’elle est parvenue à mettre la main sur trois Nigérians qui étaient associés à des marocains pour forcer de jeunes femmes nigérianes à se prostituer. L’arrestation est survenue dans le centre du pays, à Valmojado, à une cinquantaine de kilomètres de Madrid, indique El Mundo, ajoutant que le réseau était composé de deux bases, l’une établie au Maroc et l’autre au Nigéria.
Les trois nigérians détenaient aussi deux enfants âgés de trois ans, dont leur mère ont été contraintes de se prostituer en Espagne. Lorsqu’elles refusaient, le réseau les menaçait de les séparer à jamais de leurs enfants. Les femmes ont en tout cas enduré menaces et conditions de vie difficile. Elles sont arrivées en Espagne en passant par le Maroc à bord de pateras. Selon la police, elles ont été kidnappées après qu'on leur a fait des offres de travail ou en abusant de leur situation de détresse. Leur vie en Espagne a en tout cas été un enfer.
L’un des interpellés organisait le voyage depuis le Maroc
Un des deux nigérians arrêtés a déjà sévi au Maroc. Il devait superviser le voyage des femmes vers l’Espagne. Il était chargé de leur trouver un habitat au Maroc pour les cacher avant leur embarquement à bord d’une patera. Une femme qui résidait en Espagne était censée accueillir les nigérianes après leur passage dans un des centres d'internement des étrangers afin de les exploiter sexuellement pour l'organisation. Elle pouvait aussi les vendre à d'autres proxénètes nigérians ou européens appartenant à d’autres organisations.
Faux contrats pour travailler en Espagne
A leur arrivée après un voyage qui peut prendre un an, ces femmes étaient maltraitées. Une des victimes dénommée Isabelle (nom d’emprunt) a voyagé à bord d’une patera alors qu’elle n’avait jamais vu la mer. Arrivée à Vigo, le réseau avait déjà kidnappé son enfant et a décidé de le séparer de sa mère. Quant aux contrats de travail qui étaient prévus, il n’en était rien. Au contraire, le réseau contraignait les nigérianes à se prostituer pour rembourser tout l’argent qui avait été dépensé durant ce pénible voyage. Dans le cas d’Isabelle, il s’agissait de 50 000 euros.
C’est lors d’une opération de rafle que la police a arrêté Isabelle aux environs du port de Vigo. La jeune femme nigériane a alors décidé de dénoncer le réseau après que la police lui a assuré qu’elle serait protégée. Isabelle avait peur d’être à nouveau aux mains des proxénètes. Une peur qui s’explique : elle a été accueillie dans un centre de la Croix rouge à son arrivée en Espagne avant d’y être retirée subtilement par l’organisation proxénète. Elle a avoué que son enfant de trois ans avait été détenu par le réseau et que d’autres femmes étaient poussées à pratiquer la prostitution pour rembourser une dette fictive.
30 000 à 40 000 euros pour «s'acheter» une femme!
En tout cas, c’est sur la base des informations qu’elle a fournies que la police a continué ses recherches jusqu’à mettre la main sur ses trois compatriotes. L’opération de la police a permis d’arrêter cinq personnes toutes appartenant au même réseau de prostitution. Selon les sources, les femmes prostituées étaient échangées comme de la marchandise par les proxénètes. Elles valaient entre 30 000 à 40 000 euros.
Leurs enfants étaient séquestrés dans une maison, malnutris, drogués et parfois attachés au lit. Ils étaient une sorte de «garantie de l'obéissance des jeunes femmes» contraintes à la prostitution et permettaient à ce que leurs mères ne puissent pas s’enfuir. Ils ont été transférés dans un centre d’accueil pour enfants afin d’être pris en charge. Depuis le lancement de ces opérations de démantèlement des réseaux de proxénète en Espagne en avril dernier, 626 personnes ont été arrêtées, la police estime que 12 000 personnes pourraient être victimes de ces pratiques.