«Comment voulez-vous que les Marocains accordent leur confiance à quelqu’un comme vous. Visiblement, vous avez oublié dans quelles conditions vous avez accédé à la présidence du RNI ». Ces interrogations sont celles d’Abdelilah Benkirane et elles étaient destinées à Salaheddine Mezouar, président du RNI. Elles remontent à novembre 2011 à l’occasion d’un meeting politique à Salé. Nous sommes en pleine campagne électorale pour les législatives anticipées du même mois.
«Vous êtes le président du RNI grâce à Ilias El Omari et Fouad Ali El Himma»
Lors du même meeting de Salé, le secrétaire général du PJD tenait à rappeler à Mezouar qu’il devait la présidence du RNI à «Ilias El Omari et Fouad Ali El Himma (…) parce que l’ancien président du parti, Mustapha Mansouri, en avait assez de recevoir des ordres» des deux membres du PAM. S’adressant directement à l’ancien argentier du royaume, il lui avait lancé «comment pourriez-vous être indépendant dans vos décisions, une fois que vous seriez chef de gouvernement ? Et comment vous allez faire face aux injonctions émanant de personnes qui prétendent être proches de l’entourage royal ?» Pour le secrétaire général du PJD, Mezouar n'avait «pas cette forte d'opposition». Pire encore il n'était «pas à la hauteur» des attentes des Marocains.
«Le problème du Maroc est politique et non budgétaire»
En bon communicant, Benkirane avait poursuit, sans répit, l’opération de lynchage de son ennemi Mezouar, à l’époque président du G8, groupement anti-PJD. L’islamiste avait diagnostiqué l’état de santé du Maroc pour livrer son ordonnance : «le problème ne situe pas au niveau de la loi de finances, ni des chiffres ni le taux de croissance mais il est d'abord politique». Quant au remède il se résumait en «un gouvernement responsable qui assume pleinement les prérogatives que lui a accordés la nouvelle constitution et capable de gouverner les Marocains».
Presque deux ans après le meeting de Salé, et par miracle, l’ennemi d’hier est devenu l’allié d’aujourd’hui. Le RNI, qualifié par les islamistes de formation qui attire les «prévaricateurs» et les «corrompus», est devenu le «frère» venu sauver la majorité gouvernementale. Un changement de ton, de style et de positions que même les plus perspicaces des analystes n’ont prévu. Mais les miracles de la politique restent impénétrables.