En Juin 2006, vous avez rejoint l’équipe du Maroc, pourquoi ce choix alors que vous êtes né et avez grandi en France ?
Saïd Rachidi : En effet, j’ai rejoint l’escouade marocaine qui m’a ouvert ses portes. Ce choix s’est fait après cette désillusion en équipe nationale française. Ma saison 2005/2006 n’a pas été satisfaisante en terme de résultats surtout avec mes diverses blessures (luxation coude gauche, colique néphrétique a répétition, perte de motivation) alors en fin de saison l’équipe de France a pris la décision de m’écarter de ses rangs. J’en ai beaucoup souffert intérieurement. Cela n’a pas été facile surtout que mon objectif était les JO de Pékin 2008. Mon retour à la maison en juin 2006 était donc très dur à digérer. Ce sont beaucoup de choses qui s’écroulent. J’avais le sentiment que l’on m’avait détruit ma carrière. Après, tout a été très vite, j’ai rejoint le Maroc et retrouvé de grandes ambitions avec, notamment les JO de Pékin.
Votre première participation à des jeux olympiques était sous les couleurs du Maroc. Quels souvenirs avez-vous de cette expérience ?
Ça a été une très belle expérience, et ce depuis ma qualification en arrivant en quart de finale du championnat du monde à Chicago, jusqu’à ma participation aux jeux. J’ai partagé cette expérience avec ma famille, mes collègues marocains, mes amis à Lille Moulins (mon club de toujours), mes copains de quartier. Le plus beau de mes souvenirs reste le jour de ma qualification à Chicago!
Est-ce que vous avez rencontré des difficultés d’intégration avec les autres pugilistes marocains ?
Oui ça n’a pas été facile de s’intégrer. J’ai senti que je n’étais pas chez moi. Cela a été froid au début mais il a fallu se faire accepter au fil des jours. Lorsque j’ai fait plus connaissance avec les boxeurs et le staff, ça a été super. C’est comme partout, on craint toujours l’inhabituel, après on commence à le connaître mieux et tout va bien…! C’est-ce qui c’est passé.
Dans les derniers jeux méditerranéens à Pescara, les pugilistes marocains n’ont eu que quatre médailles. Pourquoi à votre avis cette contre performance?
Comment! Non on ne peut pas parler de contre performance, vous faites erreur je vous invite à consulter le palmarès des boxeurs marocains et vous verrez que depuis les jeux méditerranéens de 1993 la boxe marocaine n’avait pas connu tel succès. Cela s’explique par le nouveau défi lancé par le gouvernement marocain et la fédération royale marocaine de boxe de vouloir constituer une équipe compétitive pour les jeux de 2012 à Londres. Et la boxe n’a pas attendu. ça commence par une performance face à des médaillés olympiques et mondiaux, de quoi se satisfaire du bon début de cette nouvelle forme de travail très apprécié des boxeurs et fructueuse. Nous continuerons à travailler dans ce sens, en groupe solidaire et unanime inchallah.
Y’a-t-il une différence entre le Maroc et la France dans la pratique de la boxe ? Si oui, sur quel niveau?
La différence ne se ressent pas vraiment dans la forme de travail (à quelques détails près) mais plutôt à la façon de penser, aussi étonnant que cela puisse paraître. Vous savez j’ai eu cette chance de faire partie de ces deux délégations, et chacune a sa particularité et dégage sa force d’un point différent.
Nous ne rentrerons pas dans les détails, mais sachez que pour le Maroc, la force vient du cœur. L’équipe nationale marocaine est patriote. Le combat sur et hors du ring est avant tout à l’honneur du drapeau marocain, et cela est une force indestructible pour l’équipe. Une force qui fait l’unanimité chez chacun des pugilistes dans l’équipe, une force qui peut nous mener à des résultats très satisfaisants. J’en suis persuadé. Les boxeurs marocains travaillent avec leur cœur!
Quel sera votre prochain combat ...
Actuellement je suis à Lille, je me prépare avec mon entraîneur Serge d’origine cubaine, avec qui j’effectue un gros travail. Il a été invité par la fédération royale marocaine à participer au stage de préparation à Bugeat avant les jeux méditerranéens. Il a été très apprécié du staff marocain tant sur le plan professionnel mais aussi humain.
Nous travaillons ensemble jusqu’au 27 juillet où je rejoindrais l’équipe nationale pour un stage à Cuba avec les français. Ensuite nous reviendrons à Bugeat (France) pour travailler en commun avec 8 délégations, et nous retournerons peaufiner notre préparation avant le championnat du monde 2009 à Milan du 1er au 12 Septembre 2009. Où, inchallah, nous reviendrons avec de bons résultats.