En avril dernier, le gouvernement belge appelait les représentants de la religion musulmane en Belgique à la mobilisation, après le départ en Syrie de plusieurs jeunes musulmans, dont plusieurs d’origine marocaine, souhaitant combattre aux côtés des rebelles. Depuis hier, c’est chose faite. Les 18 principales organisations musulmanes du pays ont, en effet, rédigé un argumentaire destiné aux mosquées et associations musulmanes, dans le but de dissuader ces jeunes de partir en Syrie.
Le texte, signé notamment par le Conseil européen des oulémas marocains, le Conseil des théologiens musulmans de Belgique et la Ligue des imams de Belgique, a été présenté, mercredi matin, lors d’une conférence à Bruxelles. Il sera distribué aux mosquées et imams du pays et publié sur internet. «Nous voulons faire le nécessaire pour endiguer ce phénomène et nous apportons notre soutien aux différents acteurs qui luttent contre le processus de radicalisation des jeunes», a déclaré Khalid Hajii, président du Conseil européen des oulémas marocains, cité par 7sur7.be.
Aucun fondement religieux
«Nous leur expliquons tout d'abord qu'il n'y a aucun fondement religieux dans ce qu'ils font. Que rien, dans la religion, dans les textes coraniques ou dans les textes prophétiques, ne les incite à participer à un conflit lointain. Il n'appartient pas à eux, en tant que citoyens civils, de participer. On explique à ces jeunes là que leur place est ici en Belgique, pour participer à l'avenir de ce pays-là», a souligné de son côté Salah Alaoui, président du Rassemblement des musulmans de Belgique.
Dans leur argumentaire, les imams, théologiens et oulémas expliquent, en effet, qu’il est difficile de trouver dans l’islam «des justifications morales pour tout conflit armé susceptible d'entraîner la perte ne serait-ce que d'une seule vie innocente», rapporte Lalibre.be. Les responsables musulmans ont également mis en garde contre le risque de radicalication de ces jeunes, au contact des autres groupes «extrémistes» présents sur place.
« Leur retour après la fin du conflit est beaucoup plus redouté que leur départ», ont-ils estimé. Et de poursuivre : «il est à craindre que ces jeunes n’adoptent les programmes des groupes extrémistes aux côtés desquels ils combattent, ce qui compliquera leurs relations avec leurs concitoyens européens» à leur retour en Belgique.
Plus d’amour
Les signataires de l’argumentaire se sont également penchés sur les motivations de ces jeunes musulmans belges engagés dans le conflit syrien. Ils estiment que ces derniers ne sont autres que des «victimes de certains échecs d'une société qui n'est pas toujours, sur certains aspects, fondée sur l'égalité, la justice et la dignité à leur égard». «Plus on donnera d'amour à ces jeunes qui sont mus par l'idéal de sacrifier leur vie pour une croyance, plus ils seront disposés à intégrer la société et contribuer positivement à sa prospérité», expliquent-ils.
Le nombre des jeunes musulmans belges qui combattent actuellement en Syrie, aux côtés de la rébellion, est estimé à 80. Selon les responsables musulmans en Belgique, la majorité d’entre eux sont originaires du Maroc, d’autres sont des convertis.