19 personnes, dont 17 éléments de la police nationale de la préfecture Skhirat-Témara, dans la région de Rabat, sont actuellement poursuivies par la justice marocaine pour une affaire de corruption, mêlée au trafic de drogue. Hier, lundi 18 mars, les accusés ont été auditionnés par la Chambre criminelle chargée des crimes financiers près la Cour d'appel de Rabat, a fait savoir la MAP ce mardi, citant un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). L’audition des plaidoiries de la défense, ayant démarré lundi 13 mars, se poursuivra lundi prochain, indique la même source.
Les 17 policiers sont, en clair, poursuivis pour «abstention d'acte lié à la fonction, divulgation du secret professionnel et corruption active et passive». Mais pour les mis en cause, il n’en est rien de tout cela. Lors de l’audience d’hier, ils ont tous rejeté les chefs d’inculpations qui pèsent sur eux. Une confrontation avec le trafiquant de drogue, condamné lui à 10 ans de prison, a également été organisée par la Cour. Celle-ci n’a, vraisemblablement, rien apporté de nouveau. Les policiers ont rejeté toutes ses déclarations, a fait savoir la DGSN. Le trafiquant de drogue a, pour sa part, tout avoué.
800 000 dirhams de gains mensuels
Celui que l’on surnomme Ould Hiboul avait, en effet, déjà reconnu les faits qui lui sont reprochés. La semaine dernière, il a déclaré devant le tribunal avoir donné à plusieurs reprises des sommes d’argent aux policiers en question, en échange de leur protection. Le trafiquant de drogue a expliqué avoir eu un contact direct pour traiter avec les policiers. Pour que ces derniers puissent fermer les yeux sur son trafic, il leur remettait quotidiennement entre 1000 et 1500 dirhams. De belles sommes pour des policiers, dont le salaire ne dépasse généralement pas les 5000 dirhams.
Ould Hiboul, lui, gagnait bien plus que ça. Son trafic, qui repose essentiellement sur la résine de cannabis et les psychotropes, ne lui rapportait pas moins de 800 000 dirhams mensuels.
Une femme se trouve également sur le banc des accusés. Placée en détention, elle avait avoué devant la justice qu’elle assurait le rôle de médiateur entre le trafiquant et les éléments de la police mis en cause, indique la même source sans donner plus de détails sur les conditions de son arrestation. Les condamnations devraient tomber dans les semaines à venir. Dans son réquisitoire du lundi, le procureur général a demandé de lourdes peines contre les mis en cause. La défense plaide, de son coté, l'acquittement des accusés pour «absence de preuves».