Le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, Youssef El Amrani, rencontrera, le 11 décembre, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, à Washington, selon le Moroccan American Center for Policy. Le lendemain Mohamed VI rencontrera, à Rabat, François Hollande, le président français, selon un communiqué de l’Elysée. Au coeur des deux discussions : le Mali. «La communauté internationale considère à l’unanimité que Bamako doit retrouver sa souveraineté sur le Nord-Mali», souligne Mohamed Darif, politologue marocain, mais il y a les partisans d’une intervention militaire, la France et les Etats Unis, en première ligne, et ceux qui veulent privilégier le dialogue. La position du Maroc, puissance régionale, compte : elle participera à faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.
«Le Maroc, bien sûr, au début était plutôt pour et il a même voulu participer de manière directe aux débats», explique Mohamed Darif. Le 2 août, toutefois, il se prononce officiellement contre une intervention armée. Le gouvernement marocain «s’oppose à une intervention militaire» au Mali, a clairement déclaré le ministre des Affaires Etrangères, Saâdeddine El Othmani, estimant qu’une «solution politique» à la crise malienne était «encore envisageable».
Position marocaine floue
Lors de la réunion d’Abuja, le 11 novembre, où s’est décidée la réunion d’une force militaire africaine de 3300 hommes pour repousser les forces d’Ensar Dine, le Maroc était représenté par le n°2 de la diplomatie marocaine, Youssef Amrani. Les pays de la CEDEAO avaient alors invité le Maroc à participer activement à cette force.
Aucune réponse ne leur a été donnée et dans le communiqué de l’Elysée, qui a suivi la discussion téléphonique entre Mohamed VI et François Hollande, le flou persiste sur la position marocaine. «Ils ont constaté la convergence de leurs vues sur la crise au Sahel et les solutions à mettre en œuvre pour lutter contre le terrorisme en soutenant les initiatives africaines pour préserver l'intégrité territoriale du Mali», annonce le communiqué. François Hollande est-il parvenu à convaincre Mohamed VI ?
Des Polisariens avec Ensar Dine
Aucune annonce n’a été faite, depuis, par le Maroc, mais «il veut mettre un terme à cette situation, surtout avec les interférences entre les terroristes et les mouvements séparatistes», explique Mohamed Darif. Le 21 octobre, l’AFP a révélé que des centaines de combattants étrangers partaient en renfort des troupes d’Ensar Dine. RFI a fait également part de la présence, à Gao, d’islamistes étrangers «venus en renfort, des Tunisiens, des Egyptiens, mais également des combattants en provenance du territoire revendiqué par le Polisario, mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie». Le Maroc a donc tout intérêt à ce que ces connexions prennent fin au plus vite, au risque de voir, dans le cas contraire, se renforcer le Polisario.
«Le Maroc appartient au grand Maghreb, il ne peut pas prendre de décision sans coordination avec les principaux pays concernés : l’Algérie et la Mauritanie, or ils s’opposent à une intervention militaire», tempère Mohamed Darif. «L'Algérie était pour le dialogue, elle a déployé des efforts en ce sens avec plusieurs pays [...] et ces efforts ont donné leurs fruits en faisant de la solution politique la principale solution», s’est félicité, le ministre algérien des affaires étrangères, Mourad Medelci, dimanche 25 novembre, en marge d’une entrevue avec son homologue turc à Alger. «L’Algérie a aussi réussi à faire changer d’avis le président Mauritanien. Il est aujourd’hui contre une intervention militaire», ajoute le politologue.
Négociations
Malgré l’opposition de la Mauritanie et de l’Algérie, de la mise en garde, mercredi 28 novembre, de Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, contre les conséquences d’une intervention militaire, en dépit du fait qu’aucune intervention africaine ne pourra avoir lieu, techniquement, avant un an, la France ne baisse pas les bras. «En concertation avec tous ses partenaires, [elle] entend proposer une nouvelle résolution pour répondre à la demande des autorités maliennes (d’une action militaire)», a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay, Philippe Lalliot, lors d’un point de presse régulier, rapporte, aujourd’hui, l’agence de presse Xinhua. Parions que Mohamed VI saura négocier son soutien à cette nouvelle résolution.