En Espagne, le Parti Populaire a remporté les législatives anticipées du 23 juillet, avec 136 députés à la Chambre basse du Parlement espagnol, soit 47 sièges de plus que lors du scrutin de novembre 2019. Une victoire qui ne lui assure pourtant pas un retour au pouvoir, après cinq années passées dans l’opposition. Pour effectuer son retour à la présidence du gouvernement, la formation que préside Alberto Núñez Feijóo nécessite impérativement l’appui de 176 députés.
Or dans le jeu des alliances post-élections, la marge de manœuvre du PP est réduite. Et pour cause, son principal allié a laissé beaucoup de plumes dans la bataille électorale. Vox, parti d'extrême droite, n’a glané que 33 sièges contre 52 en 2019 alors que deux autres petites formations, l’Union du peuple de Navarre et Coalition canarienne, n'ont remporté qu'un seul député chacune. L’addition des sièges des quatre partis ne garantit pas à Feijóo d’être investi Premier ministre.
Sanchez résiste, une bonne nouvelle pour le Maroc
En revanche, Pedro Sanchez a des chances de prolonger son bail au palais de la Moncloa, de quelques années supplémentaires. Certes le PSOE est arrivé deuxième avec 122 députés (deux de plus qu’en 2019), mais grâce à ses alliés (Sumar, 31, Gauche républicaine catalane, 7, Ensemble pour la Catalogne, 7, le Parti nationaliste basque, 5, EH. Bildu, 6, et le Bloc nationaliste galicien, 1) il pourrait présider une nouvelle coalition de gauche avec le mouvement de Yolanda Diaz, comme il l'avait fait, en janvier 2020, avec Unidas-Podemos de Pablo Iglesias.
Après le dépouillement de 99% des bulletins de vote, Pedro Sanchez est sorti pour célébrer «l'échec» du bloc de la droite. «Nous avons plus de voix et plus de sièges qu'il y a quatre ans» s’est-il félicité dans une allocution prononcée hier soir depuis le siège de son parti à Madrid. De son côté, la cheffe de Sumar a répondu à l’optimisme de Pedro Sanchez, affirmant qu’ «il y avait beaucoup de gens inquiets et aujourd'hui ils vont dormir plus sereinement».
Les législatives espagnoles ont été suivies de très près au Maroc. En témoigne la couverture donnée, hier soir, à ce scrutin par la chaîne Al Aoula. Le média officiel a envoyé un journaliste à Madrid couvrir l’événement en plus de la présence, au journal télévisé arabophone du soir, d’un invité depuis l'Espagne pour analyser les premiers résultats des législatives.
Cet engouement pour ces élections est tout à fait logique. Pedro Sanchez soutient le plan marocain d’autonomie au Sahara occidental. Une position qu’il a assumée, contre vents et marrées, pendant toute la campagne électorale. Le désormais chef du gouvernement sortant, a aussi défendu la nouvelle page dans les relations avec le Maroc, ouverte depuis le 18 mars 2022, lors des meetings et dans des déclarations médiatiques. Des engagements qui devraient rassurer le Maroc sur l’avenir de sa relation avec l’Espagne. En revanche, chez le Polisario et l’Algérie l’heure est plutôt à la préoccupation.
Dans les prochains jours, le roi Felipe VI confiera au chef du PP la mission de former un nouveau gouvernement. En cas d'incapacité d'Alberto Feijóo à réunir la majorité exigée par la constitution (176 députés), le monarque se tournera alors vers Pedro Sanchez.