Un média du Polisario attribue au ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, des propos qu’il n’a pas tenus, lundi soir, au Conseil de sécurité sur la question du Sahara. La publication en ligne affirme, dans un article, que «la Russie accuse l'Occident de saboter et de violer les résolutions réclamant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination».
Dans son discours de presque 25 minutes, le chef de la diplomatie de la Russie n’a toutefois pas mentionné le conflit du Sahara. Dans son réquisitoire dressé contre les Etats-Uni, l’Union européenne ainsi que le Japon, Lavrov a surtout condamné le refus des pays occidentaux à reconnaitre les référendums d’autodétermination organisés dans les régions situées dans le territoire ukrainien mais annexées par la Russie, telles le Donbass (en 2014), Donetsk et Lougansk (en 2022).
Pour rappel, le Maroc avait voté, le 12 octobre 2022, en faveur d’une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, condamnant l’annexion par la Russie de provinces ukrainiennes. C’était, d’ailleurs, la première fois que Rabat prenait part à un vote sur la guerre en Ukraine. Auparavant, le royaume brillait par ses absences, comme lors de l’adoption des résolutions du 2 et 24 mars et du 7 avril 2022.
La question du Sahara n’est pas une priorité pour la Russie
Le discours de Sergueï Lavrov a permis d’affirmer que la question du Sahara occidental ne figure pas parmi les priorités de la diplomatie de la Russie. En effet, Moscou souhaite rallier les pays africains à son camp ou du moins qu’ils adoptent une position de neutralité dans le conflit l’opposant à l’Occident en Ukraine, comme c’est le cas pour le Maroc. Le royaume autorise les avions russes, y compris les appareils transportant des ministres, comme pour Lavrov la semaine dernière, à atterrir dans ses aéroports pour se ravitailler avant de continuer leurs routes vers les continents américain et africain.
De plus, depuis l’embargo de l’Union européenne décrété le 5 février contre les produits pétroliers raffinés de la Russie, le Maroc s’est converti en un important client de Moscou. Au cours du mois de mars, le marché marocain a représenté 12% de toutes les livraisons de diesel russe à l’étranger, devant la Tunisie et l’Algérie qui ont importé respectivement 10% et 8%, selon les décomptes de l’agence russe analytique Naans-média.
Le 17 avril, la diplomatie russe a blanchi le royaume de toute livraison d’armes lourdes à l’Ukraine. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a plutôt accusé la République tchèque d’avoir transféré à l'Ukraine des chars de combat, de type T-72B, achetés par le Maroc à la Biélorussie et transférés à Prague dans le cadre d'un contrat de modernisation. «Les Marocains ont été mis devant le fait accompli. Et en même temps, ils (les Tchèques) les ont rendus coupables devant les Biélorusses de ne pas avoir rempli l'obligation stipulée par les termes du contrat d'achat de ne pas transférer les chars vers des pays tiers sans l'autorisation du fournisseur», a-t-elle déploré.