A deux mois de l'organisation du prochain congrès du Polisario, le débat sur la condition de l’«expérience du combat» contre le Maroc, exigée des prétendants à diriger le mouvement, refait surface. Des voix opposées à Brahim Ghali réclament, dans un long article, la suppression d’une «clause» qui n’a pour objectif, selon eux, que d’ «exclure» de la course les concurrents directs de l’actuel chef du Polisario ne remplissant pas cette exigence.
Les contestataires de la disposition ne manquent pas d’arguments pour étayer leur version. Ils affirment que même avec ses «années de combat», Brahim Ghali a brillé par son échec dans la «guerre» qu’il a lancée, le 13 novembre 2020, contre les Forces armées royales (FAR). «Il n'a remporté aucune victoire pendant les deux années de guerre», notent-ils.
Outre ce revers, l’article pointe du doigt «l’impopularité» de Brahim Ghali auprès de la population des camps de Tindouf. Un sérieux handicap qui, expliquent-ils, «le privera d’une réélection lors du prochain congrès à moins de procéder à l’exclusion de ses concurrents».
Taleb Omar, le challenger
«En inscrivant l’expérience aux combats contre le Maroc dans la liste des conditions à remplir, Ghali entend se débarrasser de son principal adversaire : Abdelkader Taleb Omar. C'est d'ailleurs le seul candidat pouvant lui faire de l'ombre, notamment après les décès de M'Hamed Khaddad en 2020 et Abdellah Lahbib Belal en 2021», indique dans des déclarations à Yabiladi Salem Abdelfattah, président de l'Observatoire sahraoui des médias et des droits de l'Homme.
En effet Taleb Omar, l'actuel représentant du Polisario en Algérie, originaire de la tribu des Oulad Dlim (connue pour son passé protestataire lors des événements tragiques de 1988) compte une riche carrière politique et administrative mais sans le moindre parcours militaire. Il avait occupé de hauts postes de responsabilités dans les rangs de la direction du Front dont notamment président du «Parlement sahraoui» en 1995 et «Premier ministre» de 2003 à 2018. C’est justement Brahim Ghali qui, en février 2018, avait mis un terme à son expérience à la tête du «gouvernement» pour l'envoyer loin des camps de Tindouf vers l’Algérie.
Brahim Ghali est à la tête du Polisario depuis le congrès extraordinaire de juillet 2016, ayant suivi le décès de Mohamed Abdelaziz. Le Polisario tiendra son prochain conclave du 13 au 17 janvier 2023, dans le camp Dakhla. Le choix du lieu est une autre preuve de l'échec de la «guerre» que mène Brahim Ghali contre le Maroc. Avant la rupture du cessez-le-feu, le mouvement séparatiste avait l'habitude de tenir ses congrès dans ce qu'il considère comme ses «territoires libérés». La dernière édition de décembre 2019 était organisée à Tifariti.
Ce débat interne a peu d’influence sur la désignation du secrétaire général. L’Algérie a toujours le pouvoir de nommer le chef du Polisario.