«Justice sans corruption», «l'indépendance du pouvoir judiciaire maintenant» ou encore « 9000 dirhams…loyer, voiture, habillement, santé, éducation…. que faire ?», tels ont été les principaux slogans scandés, samedi, par les magistrats marocains lors d’un sit-in qui s’est tenu devant le siège de la Cour de cassation à Rabat. Selon l’AFP, près de 800 magistrats ont pris part au rassemblement, organisé à l’appel du Club des magistrats du Maroc. Pour son président, ces revendications sont totalement «légitimes».
Des revendications «légitimes» et «constitutionnelles»
«Nos revendications sont justes, légitimes et constitutionnelles, également conformes avec l’ensemble des conventions internationales. Pourtant jusqu’à ce jour, nous n’avons reçu aucun signe encourageant de la part du ministère pour répondre et interagir avec nos revendications», a indiqué Yassine Moukhli, cité par Aujourd’hui le Maroc. «Le but de nos protestations n’est pas seulement d’améliorer la situation matérielle lamentable des magistrats, comme pourraient le penser certains, mais elles ont pour but de défendre la dignité et l’indépendance de la justice, principes qui concernent toute la société et pas seulement les juges», a-t-il expliqué.
«La clé de la réforme de la justice est l'amélioration des conditions de vie et de travail des magistrats», a estimé de son côté, Mohamed Anbar, vice-président du club, contacté par le quotidien Libération. «Comment peut-on inspirer une bonne qualité de la justice, au moment où les jeunes recrutés passent un an à recevoir un salaire de 4500 DH, pire encore lorsqu'ils sont affectés dans des régions éloignées. Ces pauvres juges doivent attendre 2 ans avant de percevoir un salaire de 9000 DH. Vu ces conditions, un juge risque de succomber aux sirènes de la corruption», a-t-il déploré.
Le gouvernement réagit
La réaction du ministère de la Justice et des Libertés ne s’est pas faite attendre. Et visiblement le département dirigé par Mustapha Ramid, n’a pas apprécié l’initiative des magistrats. «L'étape actuelle est celle d'une réforme globale et profonde du système judiciaire à laquelle les magistrats doivent contribuer de manière positive, directement ou indirectement, à travers un travail professionnel de qualité, la liquidation des dossiers cumulés qui affectent l'image de la justice, et à la faveur de propositions constructives et non via des sit-in et des slogans», écrit le ministère, dimanche, dans un communiqué relayé par la MAP.
Le ministère a, toutefois, tenu à préciser que «la lutte contre toutes formes de corruption est une priorité du gouvernement actuel», rappelant que plusieurs procès pour corruption ont été entrepris récemment et ce «dans tous les secteurs». Pour ce qui est de l’indépendance du système judicaire, le département a insisté sur le fait que la nouvelle Constitution stipule «que la justice est indépendante des pouvoirs exécutif et législatif», et qu’elle «interdit toute intervention dans les affaires soumises à la justice».
Cela suffira-t-il à réconcilier les magistrats marocains avec le département de la Justice. Pas si sûr. D’autres actions devraient être entreprises dans les prochaines semaines par le Club des magistrats du Maroc, si ces derniers n’arrivent toujours pas toujours pas à obtenir gain de cause.
Sit-in des magistrats, samedi 6 octobre, à Rabat.