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Grand Angle

Maroc : Une nouvelle affaire révèle la pression psychologique subie par les médecins internes

La Commission nationale des médecins internes et résidents est revenu sur un incident survenu, vendredi, au CHU Ibn Sina de Rabat pour affirmer plusieurs plaintes sur les «conditions difficiles et pénibles de formation et de travail» au sein du service de maternité.

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Photo d'illustration. / DR
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Une médecin interne du service de maternité s’est blessée, la semaine dernière, au Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Sina de Rabat. Victime de pression psychologique et souffrante d’un burnout, elle aurait cassé la vitre d’une porte, ce qui lui aurait causé cinq plaies de gravité variable au bras, à la main et au coude.

Vendredi, la direction du CHU s’est précipitée pour démentir des rumeurs faisant état d'une tentative de suicide, pointant des informations «dépourvues de toute véracité et sont le produit du mensonge» et minimisant les faits. «Il s'agit en réalité d'une simple blessure à la main de l'intéressée lors de l'exercice de ses fonctions», a-t-elle ajouté dans un communiqué relayé par la MAP.
 
Toutefois, la Commission nationale des médecins internes et résidents (CNIR) a rompu, samedi, le silence en apportant des explications. Dans son communiqué, la commission a dit suivre «avec une grande inquiétude les développements qui ont accompagné l'incident de la blessure d'une médecine interne au service de maternité» et qui «a révélé l'ampleur de la crise vécue par médecins résidents de ce service».

Pression, marginalisation et népotisme au service de maternité
 
Si elle confirme aussi qu’il «ne s'agit pas d'une tentative de suicide», la commission pointe «un cas de dépression psychologique résultant d'une forte pression et d'un épuisement professionnel que la médecine a vécu tout au long de la période de formation» et ajoute que la praticienne a été «transférée aux urgences du CHU pour recevoir les premiers soins sous anesthésie». «Ce qui est grave, c’est l’état psychologique dans lequel l'intéressée était arrivée, car elle a été transférée pour recevoir des soins à l'hôpital psychiatrique Al-Razi de Salé», poursuit la même source.
 
La CNIR estime que «les conditions de travail selon plusieurs témoignages, la fréquence des comportements inhumains, la forte pression subie par le service de gynécologie et de maternité aux deuxième et quatrième étages, en plus de la grande et aiguë pénurie des ressources humaines restent autant de facteurs qui se sont réunis pour confirmer les conditions difficiles et pénibles de formation et de travail au sein de ce service». Elle indique avoir reçu, quelques jours auparavant, «plusieurs plaintes concernant la grave pénurie de ressources humaines, et le mode de gestion, en plus des accusations de marginalisation, de traitement injuste, de népotisme».

Des plaintes qui font état du «refus du chef du service d’entendre la souffrance des médecins et de leurs multiples doléances». Un refus qui s’est traduit par «plus de pression et de menaces, au point d’interdire les stages de perfectionnement des compétences à l’étranger par le chef du service, ce qui a exacerbé le problème et effectivement contribué à l'aggravation de la situation».  Une situation qui «rappelle les circonstances dans lesquelles le Dr Yassine Rachid a vécu et nous avertit de la possibilité de répéter ce drame douloureux», met-elle en garde.

Face à la situation, la commission appelle à «enquêter sur les faits de cet incident et identifier les véritables raisons de l'action du médecin», tout en enquêtant sur les autres plaintes et allégations liées à la mauvaise gestion et au népotisme et en ouvrant une session de dialogue avec les médecins résidents et leurs représentants pour résoudre ces problèmes. La commission dit aussi «se réserver le droit de faire appel à l’escalade dans le cas où l'administration ne répondrait pas à ses demandes de défense des droits légitimes, et tient l'administration responsable des événements ou des dangers similaires qui pourraient survenir».

Berkshire
Date : le 04 octobre 2022 à 09h39
La pénurie grave et croissante de médecins dans les établissements de santé marocains contribue très fortement à ces pressions et à ces abus. Quand on sait que la moitié des 1.400 médecins qui se forment annuellement dans les facultés de médecine quittent le Maroc pour s’installer à l'étranger, on se demande s'il y a une quelconque volonté de les garder et d'atténuer cette saignée qui est en plus FINANCEE par le contribuable marocain. La santé au Maroc tourne avec la moitié des compétences qu'elle forme et qu'elle finance, et pas la moitié la plus compétente !!
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