L’attaque au couteau près d’une église à Nice a poussé Abdelilah Benkirane à sortir du silence qu'il s’est imposé depuis des mois «au nom de l'intérêt de la patrie». Dans une vidéo Facebook live, ce jeudi 29 octobre, l’ancien chef du gouvernement a condamné tout acte de violence commis contre des Français sous prétexte de vouloir défendre le prophète Mohammed. Le messager «n’a besoin de personnes pour le défendre, Dieu se charge de cette mission», a-t-il souligné.
Dans son intervention, Benkirane a tenu à s’adresser à l’ensemble des musulmans des quatre coins du globe, notamment ceux qui résident en France, précisant que «les tentatives menées par des jeunes pour défendre le prophète ou le venger, comme ils s’imaginent, sont illégales selon les principes de l’islam».
«Ces actes de violence et de terrorisme sont interdits aux musulmans», a-t-il martelé. L’ancien secrétaire général du PJD a lancé un appel aux oulémas afin qu’ils expliquent «à l’ensemble des musulmans que défendre le prophète par des actes de violence visant les civils est illégal».
«Macron a fait une erreur»
Abdelillah Benkirane a proné le dialogue, «c’est ma conviction», a-t-il affirmé. «Une ligne de pensée que j’ai toujours suivie. Il est illégal de tuer des innocents y compris ceux qui se moquent du prophète par ces carictaures. On peut leur répondre par la parole, le dialogue, les manifestations si c’est possible et même avec le boycott si nous le souhaitons (…) mais il est formellement interdit d’entrer dans des représailles violentes à l'égard des civils», a-t-il encore expliqué.
L'ancien chef du gouvernement a conclu son intervention en invitant les musulmans à suivre l’exemple du prophète, tout en reconnaissant que le président français a «commis une erreur» en apportant son soutien à la republication des caricatures. Des reproches ont été adressés également aux médias et la classe politique en France. «Mais je ne vais pas débattre avec eux en ce moment», promettant de revenir sur le sujet prochainement.
Cette vidéo live permet à Benkirane de faire d’une pierre deux coups : condamner le soutien du président français à la republication des caricatures controversées du prophète et se positionner comme un leader musulman modéré, capable de faire face aux dérives de la part d’extrémistes islamistes.