La crise que traverse actuellement le Maroc, à l’instar du reste de la planète, n’a pas épargné les migrants subsahariens. Qu’ils soient installés au Maroc ou juste de passage vers l’autre rive de la méditerranée, légalement établi dans le pays ou en situation irrégulière, les migrants subissent de plein fouet les effets de la crise, dégradant une situation déjà précaire.
«Nous avons reçu les premières alertes des militants sur le terrain quelques jours déjà avant l’annonce de l’état d’urgence sanitaire décrété le 20 mars. Plusieurs associations caritatives travaillant avec les migrants avaient été obligées d'arrêter leurs actions sur le terrain par mesure sanitaire. Le confinement obligatoire n’a rien arrangé à la chose», explique Mehdi Alioua, sociologue et membre fondateur du GADEM (Groupe antiraciste d'Accompagnement et de Défense des Etrangers et Migrants).
Depuis la crise du Covid19, la fragilité des migrants subsahariens s'est accentuée, du fait de la perte de leurs maigres ressources mais aussi en raisons des grandes difficultés des ONG de soutien à continuer leur mission d'accompagnement et de lutte contre l'exclusion sociale. «Les associations caritatives n’ont même plus la possibilité de distribuer des paniers alimentaire aux familles», explique-t-on auprès du GADEM.
Un réflexion a ainsi été lancée par l'ONG pour étudier la possibilité d'une aide financière directe aux familles les plus touchées, avec notamment l’ALECMA (Association Lumière sur l’Emigration Clandestine au Maroc) et l’Association Marocaine de Solidarité (AMS). Un dispositif a ainsi été arrêtée et la campagne de solidarité a été lancée début avril. GADEM et ALECMA, de par leur expertise sur les questions migratoires et leur liens avec les migrants ont pour rôle d'identifier les personnes cibles. Plus de 300 familles avec des besoin urgents ont ainsi été identifiées dans la région de rabat. L’AMS quand à elle se charge de mobiliser les dons et de leur redistribution aux bénéficiaires via des mises à disposition auprès des agences des opérateurs de paiement partenaires de cette opération.
Les migrants exclus du dispositif d’aide prévu par le Fonds COVID19
L’AMS s’engage également à réserver 15% de ses aides aux familles en détresse aux familles migrantes subsahariennes. «Nous nous sommes mis d’accord pour réserver une partie de nos aides à ce partenariat avec le GADEM et l’ALECMA», confie Mfaddel El Hilali, membre de bureau l’AMS. Les donateurs peuvent également spécifier au moment du don de réserver leurs contributions à cette opération en particulier. Depuis le début de la crise, elles sont plus de 190 familles à bénéficier d’une aide financière directe, dont 21 familles subsahariennes identifiées par le GADEM et l’ALECMA.
Concrètement, l’aide financière servie à chaque famille est de 300 dirhams par semaine, versée tous les 15 jours. Sur la base d’une période de confinement de 6 semaines, la campagne en faveur des migrant espère mobiliser plus de 500 000 dirhams pour accompagner les 300 familles identifiées jusque-là.
A côté de cette opération humanitaire, le GADEM continue son plaidoyer en faveur des droits des migrants, notamment en cette période de crise #COVID. «En effet, en plus de la perte de leurs source de revenu, l’État d’urgence sanitaire a mis beaucoup de personne dans une situation irrégulière, notamment tous ceux dont les titres de séjours ont expiré en février ou mars», explique Mehdi Alioua. Une situation qui complique d’avantage les possibilité d’aide, puisque sans documents administratifs en règle, ces personnes ne peuvent plus se présenter à un guichet bancaire.
Ces populations se retrouvent aussi exclu des dispositifs d’aide déployés par le Fonds COVID19. En effet, selon Mehdi Alioua, «les migrants sont le plus souvent exclu du dispositif du RAMED et ne pourront certainement pas prétendre à l’aide prévu pour les personnes de l’informel. Et l’absence des association du terrain en période d’état d’urgence sanitaire n’est pas pour arranger la situation».